Gates of Heaven par Cinemaniaque
J'adore Errol Morris. Je sais que c'est un cinéaste qui fait débat dans le milieu documentaire, et que sa notoriété a rarement dépassé les USA pour l'Europe (vu que la majorité de ses films sont introuvables ici). Mais quand même : outre un fin historien et un brillant journaliste, c'est un véritable storyteller en soi, capable de transfigurer le documentaire en quelque chose de beau, de fort, de presque lyrique. Ce que n'est pas Gates of Heaven.
Car oui, ma déception est grande quand je pense à ce film : un tel potentiel, et un tel gachis ! Enfin, soyons honnêtes : Morris n'avait guère de moyens pour ce film quand il l'a fait, peu d'expérience aussi, et sans doute le délirant point de départ (les cimetières pour animaux) ne pouvait-il pas amener très loin dans la réflexion sur l' Homme que mène Morris depuis. Il n'empêche : l'omniprésence d'interviews face caméra m'a un peu dérangé, car tous les intervenants ne sont pas passionnants, et si on ne sent pas trop souvent une certaine forme d'ironie, de condescendance envers ses propriétaires farfelus en deuil, Morris ne fait pas toujours part d'une neutralité et d'une délicatesse sans failles.
Un produit un peu trop télévisuel et pas assez développé au final qui, bien qu'il en pose les bases, n'est pas du tout représentatif du talent de Morris. Sans parler de brouillon, on n'en est pas loin.