Peut-on parler de blockbuster expérimental de ce film ?

Ang Lee est vraiment un réalisateur imprévisible. Capable du meilleur comme du pire. Ici on serait plutôt dans la deuxième catégorie... Pourtant sur le papier cela aurait pu marcher. "Gemini man" était un projet qui trainait dans les cartons de Jerry Bruckheimer depuis les années 90. Mais la technologie du de-aging n'était pas au point à l'époque. Rôle écrit pour Clint Eastwood, puis envisagé avec Nicholas Cage, c'est finalement Will Smith qui jouera ce rôle face à lui-même jeune.

Le de-aging (rajeunissement numérique) est une technique développer depuis le milieu des années 2000, qui suscite beaucoup de débats, à la fois techniquement (pas toujours réussi) éthiquement (ouvrant la possibilité de ressuscité des acteurs décédés ou sans leur aval). En tout cas au bout de 15 ans, la technologie semble presque maîtrisée et ce film en est la démonstration. Ang Lee nous avait bluffé avec son tigre numérique dans "L'odyssée de Pi", il était donc tout indiqué pour ce projet.

Mais quant il s'agit de films de commande, le succès n'est pas toujours au rendez-vous avec lui. Et là c'est bien le cas. Si le script est plutôt intéressant sur son fond, malheureusement la technique, trop poussée dans ses tranchées, va défaillir dans plusieurs séquences du film. Ainsi, l'utilisation de la 3D à trop haute intensité, se trahit par des chorégraphies trop fluides pour être vraies, des combats trop extrêmes pour être faisables physiquement. Et surtout sans dramatisation, ni enjeu dans la mise en scène, on finit par s'en foutre totalement de ce qui pourrait leurs arriver...

Ajouté à cela Ang Lee tourne son film en 4K 3D à 120 images par seconde. Encore une nouvelle technologie, qui rend les images extrêmement fluides et hyper réalises, ce qui accentue d'autant plus les défauts des CGI virtuels lorsque cela arrive. Plus moyen de noyer le poisson derrière un flou de mouvement.

A cela s'ajoute encore, la Bruckheimer touch, qui ne rend pas le film très beau (ou trop beau pour être vrai), ni intéressant. Le choix des décors semble droit sortir d'un guide touristique, fait de villas de luxe, de sites remarquables ou de pensions pour touristes. Et la photo, suréclairée et vive, nous rappelle une belle carte postale ou une publicité commerciale trompeuse. Bref, rien à voir avec l'idée d'un film d'espionnage.

Au final un film certes divertissant, mais qu'on aura vite fait d'oublier dans deux jours.

Jean-FrancoisS
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le 3 juil. 2024

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Jean-FrancoisS

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