La gérontophilie, c’est l’amour des vieux ressenti par des (beaucoup) plus jeunes. Considérée comme du fétichisme, cette pratique qui va jusqu’aux relations sexuelles est aussi à rebours des tendances actuelles qui prônent le jeunisme à tout prix. Que le réalisateur sulfureux Bruce LaBruce, enfant terrible du cinéma gay et canadien, auteur de films expérimentaux à la limite de la pornographie, s’empare de ce sujet pour son nouveau film avait quelque chose d’excitant, même si les intentions proclamées de faire un long-métrage plus accessible et narratif pouvaient attiédir l’enthousiasme.

En fait d’attiédissement, il faudrait davantage parler de douche froide devant cette petite chose inoffensive et consensuelle qui aborde la découverte de l’attraction de Lake, 18 ans, embauché pour l’été dans une maison de retraite, pour M Peabody, un pensionnaire octogénaire, en l’amenant sur les territoires du ‘feel-good movie’ et du road-movie, donc des territoires idéalement balisés pour conquérir le plus large public. Le réalisateur de Hustler White qui n’hésitait pas à montrer des scènes de sexe explicites, jusqu’à proposer deux versions, soft et hard, du même film, bannit l’exposition du sexe frontal. C’est pour le moins faire preuve d’une certaine lâcheté à refuser justement le filmage de scènes sexuelles entre un jeune (très beau et innocent) et un vieux (qui a beaux restes), alors qu’il n’y a vraiment rien d’audacieux à mettre en scène du cul entre jeunes et beaux mecs. Ce qui rétrospectivement interroge sur la présupposée subversion d’un auteur aux risques calculés.

En tout cas, en dépit de quelques pointes d’humour qui reposent essentiellement sur l’inversion des rôles (le vieux devenant la proie des jeunes et suscitant la jalousie), du charme indéniable des deux comédiens, Pier-Gabriel Lajoie et Walter Borden, Gerontophilia, œuvrette légère qui confine à l’insignifiance, autrement dit brossant tout le monde dans le sens du poil, fût-il blanc et clairsemé, ne va certes pas créer beaucoup de remous ni provoquer d’indignation.
PatrickBraganti
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le 31 mars 2014

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