Une belle claque anti conventionnelle ça fait toujours du bien...

Angoissant et surprenant, Tenu et tendu jusqu'au bout Get Out est un thriller horrifique atmosphérique mâtiné d'un soupçon de comédie.
La force du film est d'utiliser des faits réels et des personnages archétypaux en les poussant à la caricature pour mieux faire ressortir son message universel anti-raciste et faire prendre conscience d'actes de violences perpétrés encore présents dans la société américaine actuelle. Moins un écho à l'élection de Donald Trump qu'a une histoire toujours contemporaine en tapant fort dans le conventionnel.
En soit l'histoire de Chris afro-américain dont sa copine Rose va le présenter à ses beaux-parents au cours d'un week-end. Arrivé sur place l'atmosphère va céder place à une série d'incidents et situation impensable... Je n'irais pas plus loin pour éviter les spoilers. Le film ne propose pas réellement de twist mais un enchaînement de situations attendus et inattendus cohérente tout du long.
Le film est produit par Jason Blum. L'empereur des petits budgets caméra à l'épaule qui nous a offert la série de films d'horreur la plus ennuyante et soporiphique n'ayant jamais existé à savoir les "Paranormal Activity". Et qui depuis quelque temps se refait une santé ainsi qu'une renommée en produisant les deux derniers films de M.Night Shyamalan très bons "The Visit" et "Split" ainsi que la suite de "Split" bientôt. Avec "Get Out" il peut se targuer d'avoir offert un nouveau très bon film au public. Toutefois, le crédit et la réussite du film est plus a accordé à Jordan Peele, scénariste et réalisateur.
Classique dans sa narration, classieux dans sa réalisation Peele instaure une atmosphère angoissante en jouant sur l'empathie et la distance que l'on va avoir envers les personnages. Aussi, ce n'est pas la frayeur que le réalisateur recherche, mais l'angoisse su spectateur constamment contrebalancée par certains aspects tout en faisant un vrai film de genre. Le plan-séquence du début évoquant autant Haloween de Carpenter par son cadre, que l'affaire Rodney King par la distance instauré à l'image est magistrale et met la pression aussi tôt.
Le film se passe du point de vue de Chris, qui est autant spectateur et deviendra acteur de ces situations. C'est-à-dire que Peele nous fait ressentir son regard sans pour autant que soit filmé à la première personne. On est en empathie sur tous le film avec lui. On ressent les mêmes sentiments que son personnage. Indigné, énervé, se demandant ce qu'est ce what the fuck? total arrivant puis vengeur. Ce qui est très réussi et amène l'atmosphère angoissante, pince sans rire de la suite avant, (pas de spoil...). A la rencontre des parents et du frère de la fiancée bobos conventionnels qui se révéleront beauf, redneck, racistes complètement tarés...On sent dès le début une certaine ambiguïté qui est amenée par un humour caustique très cours sur les dialogues. Peele joue sur des personnages archétypaux et conventionnels pour mieux les dézinguer au plus vite et c'est très réussis. En nous mettant à distance d'eux, filmant leurs visages, leurs rires forcés, leurs regards trompeurs, le sur-jeu de ces acteurs tous très bons, on est angoissé, car on ne sait pas ou va nous mener le film à ce moment et en même temps certains dialogues sont soit tellement déplacé ou caricaturale que le vanne se fait, mais très courte car l'angoisse reprend.
Et c'est là ou le film est très réussi. Le réalisateur scénariste ne nous manipule pas au final. Il nous laisse découvrir la situation comme son personnage principal la découvre en étant en empathie directe avec lui. L'anti-racisme passe par la caricature de bobos conventionnels voulant se dire bien sous tous rapport et au final se retrouvant être des débiles dangereux, tarés, beauf, redneck, racistes... Le film n'assène pas son message avec indignation ou en faisant un drame social. Non, on est dans un pur divertissement, un pur thriller angoissant avec un soupçon de comédie, qui parle du racisme, de la société américaine en déployant un cadre, des images, que l'on connaît, des archétypes et situations poussées à l’extrême mais par lesquels ressort un réalisme toujours aussi contemporain.
Une belle claque. un bon divertissement. La classe.