Get Out, merci d’exister, mais...

Quand on a pas la chance de pouvoir aller souvent au cinéma, on devient sélectif et le choix du film se fait souvent en fonction de 2 critères : Est-ce que je vais en prendre plein les mirettes, ou alors est-ce que j'attendais vraiment cette sortie.


Dans le cas de Get out, mon impatience était grande, grande. "Film de genre politisé", "Charge anti-Trump", "renouveau du film d'horreur", "film puzzle à reconstruire au fil des visionnages" tous les qualificatifs qui sont venus jusqu'à moi ont eu le mérite de m'ultra-motiver et le tort de faire monter sans doute trop haut mes attentes.


Et j'ai été déçu. MAIS, nonobstant le fait que l'avalanche de superlatifs dont le film a bénéficié me pousse à rédiger cet avis tout en bémols, je précise que j'invite tout le monde à voir ce film, qui plus en est en salle, il ne faut pas passer à côté, surtout dans un pays ou Marine Le Pen rassemble 11 millions de trou du c.. d’électeurs. Et dans une distribution cinématographique où il faut slalomer pour voir une production qui ne soit ni super-héroïque, ni du reboot-suite, ni de la french-comedy-ploitation.


Donc, pourquoi ai-je été déçu ? Parce que je trouve que le film ne trouve pas son positionnement et semble monté à l'envers - SPOILER WARNING A PARTIR DE, MAINTENANT.


D'abord, la chose qui me dérange le plus fondamentalement, c'est le manque de caractérisation des vilains. Ce ne sont apparemment pas des suprémacistes blancs, puisqu'ils choisissent de se réincarner en personnes noires. D'un autre côté, ils sont le véhicule d'un certain nombre de clichés sur le bagage génétique des Hommes noirs. J'y vois plus une sorte d'extrapolation sur une sorte de racisme "bienveillant", mais ça n'est jamais très clairement affirmé. De ce point de vue là, une série comme Atlanta a mis en scène ces a priori de classe avec une finesse et un humour qui mettent à l'amende violemment les quelques saillies de Get out. Atlante explore d'ailleurs tout le long la thématique des blancs voulant devenir des noirs et des noirs voulant devenir des blancs mais avec un humour et un surréalisme incroyables. On sent d'ailleurs que le film essaie de faire référence à cette série (musique, acteur).


De fait, le choix de faire un énorme reveal à la fin du film qui va éclairer tout ce qu'on a vu précédemment tombe un peu à plat, pour plusieurs raisons. D'une part je trouve qu'il est très vite grillé, en tout cas en partie. Dès qu'on nous a expliqué que la mère de famille était spécialiste de l'hypnose, on se doute très vite d'où ça va aller. Par ailleurs, la façon de tout révéler (le discours du futur "client face" caméra + flashbacks) manque d'une finesse nécessaire pour permettre un choc émotionnel dont est capable une Denis Villeneuve par exemple, qui a le don de lâcher une allumettes dans les 10 dernières minutes de ses films, qui vont embraser les litres d'essence qu'il aura délicatement versé pendant tout le métrage.


Enfin, le fait de ne pas savoir officiellement qui sont les personnages et ce qu'ils veulent m'a empêché de prendre plaisir à observer leur bassesse, à les mépriser, à me gausser d'eux, et de fait je me suis pas mal ennuyé dans le 2ème tiers du film, qui aurait pu être pratiquement une comédie à ce moment là. Et il faut dire que la musique du film n'aide pas.


A contrario, un angle qui aurait pu être interessant aurait été celui d'un Carpenter sur They Live : Une charge brutale, directe, où il aurait été question de puncher des nazis par exemple. ça peut sembler basique mais c'est toujours efficace et jouissif ! Bon c'est bien sûr le cas à la fin mais c'est arrivé un peu trop tard, je m'ennuyais déjà depuis longtemps.


[FIN DU SPOILER WARNING]


Bref, évidemment, on va pas reprocher à Jordan Peele de ne pas être Carpenter ou Denis Villeneuve dès son premier film, et Get Out est vraiment interessant et je recommande de le voir. Simplement, il ne faut pas le voir avec un niveau d'attente trop élevé à mon avis !

MartinGa
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le 9 mai 2017

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Martin Ga

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