I told you so
Bon, pour ceux qui n'ont pas vu le film, passez votre chemin. Ce qui m'a attiré de prime abord, c'est le "genre : horreur" annoncé par la com sur la toile couplée au pitch: "Chris est noir. Chris...
Par
le 22 mai 2017
140 j'aime
15
Le thriller horrifique mettant au centre de son intrigue un discours politique et social vibrant et juste, sans oublier de nous effrayer, est enfin arrivé, et il est au cinéma depuis quelques semaines. Tout premier long métrage du réalisateur et humoriste Jordan Peele, Get out teste la paranoïa de son protagoniste, ainsi que de son spectateur. Bienvenue sur l’autoroute de la peur…
Devines qui ne devrait PAS venir diner?
Paranormal Activity, Insidious, American Nightmare, The visit ou plus récemment, Split, la société de production Blumhouse enchaine les succès. Fondée par Jason Blum, cette entreprise s’est spécialisée dans les films fantastiques et d’horreurs à budget plus que modeste afin de les transformer en or massif. Repensons au tout premier Paranormal Activity et son budget de seulement 13 500 dollars qui en amassa plus de 100millions au box office américain. Pensons aussi à American Nightmare qui osait compter une histoire pour le moins choquante : Aux Etats Unis, le crime devenait légal pendant douze heures chaque année. Ces films ayant peu de moyens, compensaient par leur mise en scène. Leur but premier étant de faire ressentir chez le spectateur, une angoisse perpétuelle. Et ça a marché. Cette année, Blumhouse sort un nouveau film d’horreur : Get Out. Ce film, vous en avez entendu parler partout, devenu un phénomène avant même qu’il ne sorte en France. Budget de seulement 4,5millions de dollars récoltant plus de172 millions à sa sortie sur le sol Américain. Un nouveau triomphe pour Jason Blum prouvant qu’avec un petit budget, on peut tout aussi bien obtenir un succès fou que dans le monde des blockbusters.
Get Out, c’est un film au pitch et à l’ambiance plutôt floue. Ca mêle le thriller à l’horreur, tout en plongeant son spectateur dans les nouvelles questions que l’on se pose sur le racisme. Après Django Unchained, Le majordome ou bien encore 12 years of slave, je dois vous avouer que la thématique du racisme, je n’en peux plus. Non pas parce qu’il y en a eu trop et qu’on a bien compris la gravité de la chose mais plutôt que ces films sont pour ma part, insoutenables à regarder. 12 years of slave aura été l’œuvre qui m’aura le plus chamboulé, me donnant presque honte d’être blanc. Trop de violence, trop de haine, trop d’injustices, trop de bêtise humaine montrant à quel point l’être humain est primaire et limité intellectuellement. Il m’aura fallut attendre plus d’un mois avant d’aller voir Get Out au cinéma, pour la simple et bonne raison qu’il était une nouvelle fois question de racisme. Les très bons retours critiques auront attisé ma curiosité et finalement, après avoir vu ce film, le résultat m’a montré qu’on est à des années lumières de ce que nous proposaient les films cités précédemment.
Le noir est à la mode
Ce qu’il faut savoir c’est que depuis l’élection de Barack Obama en 2008, les crimes racistes contres les minorités aux Etats Unis ont pris de l’ampleur. Les policiers à la gâchette facile, le néonazisme ou White Power, être noir, c’est un combat permanent, une lutte infernale pour survivre. Et depuis l’élection de Trump, ce n’est guère mieux. Par ailleurs, en France, Get Out sortait à point nommé, quelques jours avant le second tour des élections présidentielles entre Emmanuel Macron et Marine Lepen. Ah, le hasard (si tenté qu’il existe) fait tellement bien les choses. Sans pousser un cri de rage, sans critiquer subjectivement, sans répondre à ses bourreaux par le mal en sortant une sorte de film « vengeance », Get Out ne fait qu’établir un constat de ce que veut vraiment dire être noir aux Etats Unis en 2017.
Ce film, tout comme d’autres films horrifiques avant lui, a un message social à faire passer et bien que son thème majeur soit le racisme, il abordera aussi d’autres sujets tout aussi consternants : les abus chez les gens riches ne prenant en compte que leur bien être personnel, la relation Noirs/Blancs dans l’Amérique d’aujourd’hui, la négrophilie (fascination malsaine pour les noirs, leur culture, leur corps, leur cheveux), sont des exemples parmi d’autres. Get Out, c’est un peu la version alternative d’un « Devines qui vient diner ? » qui aurait dégénéré, plongeant le spectateur dans un pur film horrifique. Mais quels éléments ont fait que ce film est tant cartonné outre atlantique ? Pourquoi a-t-il obtenu ce statut de phénomène ? Hormis sa thématique, il doit forcément il y avoir d’autres choses ?
Phase 1 : séance d’hypnotisme Phase 2 : Préparation mentale Phase 3 :
???
N’ayez crainte : vous avez été choisi
Du psychologique, du jump scare usé d’une bonne manière, jeux de notes stridentes de piano, accentuation des regards et sourires forcés, musiques oppressantes et angoissantes, atmosphère faite d’étrangetés et de mystères, silences de mort, Get Out joue sur tous les terrains. C’est du coté mise en scène que cette œuvre a gagnée mon cœur. Mise en scène réalisée de sorte à ce qu’elle soit immersive, créant des moments dérangeants (Chris vu par une vieille femme comme une sorte d’animal de compagnie, ce qui nous ramène des années en arrière, en pleine traites négrières) voir carrément à vous filer les chocottes. Pas besoin de vous inonder de scènes violentes et sanglantes avec des antagonistes grossiers. Pour ainsi dire, les dialogues de nos antagonistes seraient presque...élégants. Du jamais vu dans le cinéma d’horreur. Jordan Peele, il connait ses classiques et on remarque qu’il adore les films d’Alfred Hitchcock. En atteste sa référence à « Fenêtre sur cour ».
Peele, il aime aussi l’ambiance de ces films, notamment les musiques entendues au moment où un personnage « effrayant » nous apparait. Quant aux peu de jump scare semés de ci-de là, on pourrait penser qu’ils sont prévisibles. La différence c’est que grâce à la manière dont ils filmés, ça créer la surprise, ça fait sursauter. Pourtant, c’est un cinéphile devenu insensible à toutes formes de terreurs à force de voir un nombre incalculable d’anciens et de récents films d’horreur, qui vous parle. En fait, Get Out, c’est un thriller horrifique tout ce qui a de plus classique mais c’est grâce à sa mise en scène et son jeu des perspectives, qu’il fait toute la différence.
Arriver à nous terrifier, tout en utilisant de façon brillante, sans jamais casser le rythme ou l’aura du film, une petite touche d’humour noir hilarant presque parodique, Get Out réussi l’exploit de réinventer le cinéma d’horreur, tout comme les deux premiers Conjuring l’avaient fait avant lui. La différence, c’est que là encore, ces films ne jouent pas dans la même cour. Conjuring adoptant un ton dramatique. Mention à la séquence d’hypnose digne du générique de la Quatrième dimension (TINTIN TIIIIINNNN). Je vous assure qu’au cinéma, ça fait un effet monstrueusement immersif. A figurer parmi les meilleures scènes de films cultes du genre.
Quand le doute cède place au malaise puis à la peur
Il est vrai que Get Out est souvent prévisible, absurde tout en arrivant on ne sait comment à rester crédible et fascinant (impensable et pourtant véridique), il est vrai qu’on se demande comment Chris, un jeune homme intelligent suspectant dès le début quelque chose en rencontrant les parents un peu trop à l’aise et bienveillants de sa petite amie, n’arrive pas à prendre la décision de fuir cette maison de campagne...éloignée de tout. Comme s’il attendait d’être vraiment en péril pour décamper. Toutes les rencontres qu’il fait, font que le danger est flagrant. Chris est traité comme un roi. Rien que le passage de la Garden Party « annuelle » suffit à lui tout seul pour nous prouver que tôt ou tard, le jeune homme passera un sale quart d’heure. Les invités « hypocrites » veulent à tout prix le voir, lui parler, le toucher, comme s’il était un objet rare. Situation inconfortable, sensation d’exagération, il sent que quelque chose se trame, mais il fait avec. Incompréhension totale.
Ou alors le but est de tester la paranoïa de notre héros méfiant. Vu toutes ses années de racisme, il y a de quoi l’être. Vision réaliste de notre société qui, pour une partie, prétend ne pas être raciste. Néanmoins, bien que la sensation d’avoir affaire à un personnage aussi stupide que les décisions prises par certains personnages d’autres films du genre horrifique (Alien Convenant si tu m’écoutes), Get out évite le piège du protagoniste agissant en dépit du bon sens. Ouf. Autre point intéressant : notre héros n’est pas caricatural, à l’exception de son meilleur ami, un jeune homme obèse, rigolo et vaguement trouillard (l’un des meilleurs personnages de ce film). On le voit venir à des kilomètres que Chris est musicien. Manque de bol, c’est un photographe. Ca tombe bien, puisque cette œuvre est sur le regard.
La mère psychiatre/hypnotiseuse qu’on relit d’emblée aux domestiques noirs (comme par hasard) un peu trop dociles, le père chirurgien/neurologue, le fils roux (étudiant en médecine), les domestiques « zombies » un peu trop souriants, que de faux semblants, que d’hypocrisie cachant quelque chose de sombre. Tout le monde est chtarbé à l’exception de Chris, de Rose, et du frère de Rose (monsieur est un bagarreur). T’attends quoi pour te tirer Chris ?! Comme notre protagoniste, on en vient à se dire la même chose « c’est quoi cette blague ? ». Mais la curiosité nous taraude l’esprit, on veut savoir ce qu’il se passe vraiment, ce qui attend notre héros. Ce qui est sûr, c’est que vous ne serez pas déçu du voyage. La découverte que fera notre héros dépassera tout ce que vous aviez pu imaginer. J’en ai encore des frissons. Bravo à l’équipe du film et surtout bravo les acteurs pour un jeu si authentique.
« Et puis y a ce truc aussi…je crois qu’il vaut mieux pas que je t’en
parle. Quoi ?! On m’a hypnotisé. Tires-toi vite fait mon frère !!! »
Au final, sous ses airs de film de thriller d’épouvante classique utilisant les codes habituels, Get Out sonne un vent de renouveau grâce à sa mise en scène inédite et son jeu des perspectives. Intriguant, épatant, drôle, flippant, un indispensable.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2017 et Les meilleurs films Blumhouse
Créée
le 2 juin 2017
Critique lue 302 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Get Out
Bon, pour ceux qui n'ont pas vu le film, passez votre chemin. Ce qui m'a attiré de prime abord, c'est le "genre : horreur" annoncé par la com sur la toile couplée au pitch: "Chris est noir. Chris...
Par
le 22 mai 2017
140 j'aime
15
Wahou ! C'est que c'était bien, finalement, Get Out ! Behind est soulagé car il craignait d'avoir payé sa place pour un pamphlet politique qui aurait dépassé son genre de départ, que le masqué...
le 4 mai 2017
121 j'aime
7
Des bienfaits de ne pas trop se renseigner sur un film... Je suis allée voir Get out en pensant qu'il s'agissait d'une comédie, portant sur le racisme aux Etats-Unis. Pas sûr que le terme de...
Par
le 1 mai 2017
102 j'aime
8
Du même critique
Même les super héros ont droit de prendre des vacances. Surtout après avoir vécu la pire des épreuves en affrontant Thanos. Suite direct d’Avengers Endgame, Spider-man Far From Home confronte son...
Par
le 3 juil. 2019
15 j'aime
19
Le chat noir collant aux basques de Sandra Bullock dans Gravity, ne l'a finalement pas quitté. Cinq ans après en avoir bavé dans l'espace, Netflix plonge Sandra Bullock en plein cœur d'un survival...
Par
le 27 déc. 2018
15 j'aime
Le diamant d'innocence, solitaire, acrobate, amateur de pommes, accompagné de son singe espiègle et le génie de la lampe, fait un retour évènement sur grand écran. Après avoir conquis le cœur des...
Par
le 22 mai 2019
14 j'aime
5