Une grande claque dans la gueule de l'Amérique.

"Get Out" est ce genre de film d'auteur ou, comme "it follows", on en ressort tendu comme un string.
C'est plein de bonnes idées et surtout comme "it follows", c'est très original au niveau du scénario. J'aime beaucoup ce nouveau souffle sur le cinéma "horrifique". Ce n'est pas qu'un film sur la séquestration d'un noir dans l'Amérique raciste de toujours, c'est plus complexe et profond que ça.
Si comme moi vous avez enchainé "le vénérable W" avec "Get Out", l'eugénisme n'aura plus de secret pour vous.....Vous serez au taquet niveau histoire de France et du monde. La théorie d'une race supérieur développée dans le film par ces blancs souriants pro Obama mais qui ne cessent de revenir à la race ou la couleur dans leurs conversations, est plutôt tordu mais intéressante. Ces blancs prendraient (après passage sur le billard, crane ouvert et tout le touti) les caractéristiques physiques des noirs afin de créer des nouveaux êtres avec les avantages des blancs et ceux des noirs (forces, sensibilité, longueur du sexe...). Pour résumer, ils hypnotisent le candidat (noir évidemment)qui obéit alors au moindre son et se laisse donc faire telle une marionnette afin qu'on lui ouvre le cerveaux et qu'on lui prenne ce que l'on souhaite afin de renforcer le patrimoine génétique du blanc pour créer une nouvelle race avec ce qu'il y a de meilleur dans chaque race. Voili voilu.....En plus de ce plan fort machiavélique que l'on pourrait affilier à de l'eugénisme même s'il présente quelque différence (on ne hait pas le noir, on l'utilise tel un objet pour se renforcer), il y a aussi ce sentiment de malaise face à ces bourgeois blancs qui affichent leurs sourires presque malsains. On peut voir dans leurs yeux qu'ils cachent quelque chose. Le film surf toujours sur le fil, sur le "tout va bien dans le meilleur des mondes" mais en même temps sur le "putain il y a quelque chose qui va pas", jusqu'à ce repas en famille très tendu qui va trouver son apothéose avec l'arrivée des invités tous plus étranges les uns que les autres. Le film va dévoiler une partie de son intrigue lors de la vente aux enchères déguisée en bingo particulièrement horrible et malsaine comme les meilleurs moments de "American Nightmare" ou de "Hostel" où on se rend compte que des gens normaux sont en fait les pires représentants de la race humaine que l'on croyait disparu depuis 1945.
Le cout de grâce étant porté avec le rôle de la fille de famille, particulièrement bien joué, franchement je l'avais pas vu venir. Le regard que porte Chris (le personnage principal) sur la dépouille du cerf qu'il vient d'écraser au début du film, est en fait son propre regard sur "sa race" et le traitement qu'elle subit par les blancs , et ce regard sera confirmé par la présence de la tête de cerf au mur lors de sa séquestration, sorte d'étape finale du processus. Le corps du cerf ne peut plus bouger et est impuissant face à la mort imminente, exactement comme les noirs et donc Chris dans le film qui est hypnotisé et ne peut rien faire lorsqu'on tente de prendre ses yeux pour les donner à un riche blanc.
L'aveuglement des noirs hypnotisés est en fait l'image d'une Amérique qui se dit ouverte mais qui est en fait profondément raciste comme les blancs du film se disent ouverts et pro Obama. Le fait d'être conscient mais de ne rien pouvoir faire est autrement plus terrifiant que n'importe quel meurtre ou torture.
Ce film est une invitation à se réveiller, d’arrêter les faux semblants, c'est un électrochoc, un flash...d'ailleurs le flash qui stoppe l'hypnose dans le film pourrait être l'allégorie du film lui même : un moyen de se réveiller.