Cycle Epouvante - Le nouvel esclavagisme

Jordan Peel, je l'ai découvert avec le plus récent Nope. Et dans mon cycle épouvante, Get Out pouvait faire partie du circuit. Alors oui, faisons cela.


Sur le fond


Difficile de parler du film sans trop dévoiler son levier principal. Disons que cela parle de racisme, d'une nouvelle forme repensée d'esclavagisme. On ne sait pas où on est, mais l'architecture de la baraque dans laquelle se passe l'essentiel de l'histoire laisse présager d'une géographie sud-estiste des états-unis, si vous voyez ce que je veux dire. Mais la méthode employée pour recourir à l'esclavagisme est pour le moins originale. Il faut accepter ce petit stratagème. Passé ce cap, vous allez marcher.


Sur le déroulement


Dans un film de ce genre, le schéma est souvent globalement le même : on part du moment de l'innocence pour arriver à la conclusion (qu'elle soit bonne ou mauvaise). Dans l'intervalle, va se développer le constat d'un truc qui ne fonctionne pas normalement à la compréhension de pourquoi ça ne va pas, jusqu'à donc, la résolution. Ici, tout le moment où on ne comprend pas monte subtilement en bizarrerie. C'est ce moment ou le réalisateur doit montrer toute sa maîtrise, tout son sens de la nuance. Et pour moi, c'est réussi.


Sur la société


Comme dirait mon fils, on vit dans une saucisse. Et dans le cas présent, la saucisse est raciste. Elle est trumpiste. Elle est post-esclavagiste, elle est obscurantiste, elle est néo-nazie. Oui, il faut dire les termes. Le nazisme, c'est partir du principe qu'une race est supérieure à toutes les autres, et donc que les dites autres, n'ont, au mieux, qu'une vocation utilitariste. On peut même les exterminer, si on considère qu'elles sont nocives au bon épanouissement des dominants. Jordan Peele ne dit rien d'autre que ça : que les Etats-Unis restent une nation profondément raciste.


Quand un film associe une vision politique avec une narration, fut-elle un poil divertissante, je considère que le but est atteint. Toucher 2 personnes déjà convaincues avec un film sans vocation grand public n'a finalement aucun intérêt. Je préfère qu'on me vende un spectacle, une tension, une bonne histoire, tout en me disant des choses politiques. Quitte à ne pas être subtil. C'est une étape indispensable de la prise de conscience.


John-Peltier
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le 20 nov. 2023

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