Ghost House
4.6
Ghost House

Film de Rich Ragsdale (2017)

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On pensait que la vague des films d'épouvante "touristes américains vs esprit maléfique asiatique ou autres" était passée mais, apparemment, celle-ci a encore quelques remous et l'un d'eux nous a laissé ce "Ghost House" sur le rivage. Film à petit budget de 2017 débarquant dans nos contrées deux ans après sa sortie, on ne peut pas dire que l'on guettait son arrivée avec une folle impatience, seuls peut-être la présence de Scout Taylor-Compton révélée par les "Halloween" de Rob Zombie mais portée disparue depuis le bien nommé "The Runaways" ou le retour du compositeur Rich Ragsdale à la réalisation d'un long-métrage pouvaient au mieux nous faire lever un sourcil d'intérêt. Au vu du résultat, on n'avait pas vraiment tort, "Ghost House" n'est ni original ni effrayant pour un sou mais a néanmoins le mérite d'utiliser pleinement son cadre étranger pour ne pas être trop pénible à regarder...


Jules et Jim... pardon... Julie et Jim forment un couple qui aurait bien besoin d'affronter un fantôme maléfique exotique pour affirmer la force de leurs sentiments. Ça tombe bien, les deux tourtereaux se trouvent justement en voyage à Bangkok et Julie se prend d'une inexplicable tocade photographique pour les "ghost houses", des sortes de modèles réduits de temples abritant les esprits des défunts et où les habitants font des offrandes pour les apaiser. Un soir, le couple sympathise avec deux touristes britanniques de leur hôtel et l'un d'eux convainc Julie de les emmener en dehors de la capitale thaïlandaise vers un lieu rempli de ces "ghost houses". Comme ils sont aussi blancs qu'eux et que suivre deux inconnus dans un coin perdu d'une forêt en pleine nuit dans un pays étranger est on ne plus peut logique, Julie et Jim acceptent volontiers. Là-bas, ils sont en réalité victimes d'un piège qui laisse Julie face à des manifestations surnaturelles incessantes d'une morte ne supportant pas les jolies filles...


Eh oui, ça pourrait prêter à sourire mais, croyez-le ou non, le fait que ce fantôme se focalise uniquement sur les jeunes femmes pas vilaines à regarder est justifié par son passif dévoilé un peu plus tard. Alors que Julie va avoir un certain délai avant que l'esprit emménage définitivement en elle (il faut bien qu'il organise son petit déménagement de la "ghost house" à un hôte humain, c'est un minimum), la belle va surtout devenir un prétexte ambulant à jumpscares douteux lorsque la caméra choisira de s'attarder sur sa condition afin de pallier les trous d'air (et ils sont nombreux) de la quête de son mari pour la sauver. Si vous êtes un habitué de ce genre de film, celui de Rich Ragsdale ne vous surprendra pour ainsi dire jamais. Que cela soit du côté des frissons qu'il cherche toujours vainement à provoquer (on sauvera tout juste un ou deux plans bien pensés) ou à celui de sa trame archi-connue montrant rapidement ses limites simplistes une fois les éclaircissements sur la nature du fantôme révélés, "Ghost House" ne parviendra jamais à renouveler son récit très codifié et, dans une certaine mesure, ne semblera même pas avoir l'ambition de s'en donner les moyens. Préférant aller dans des situations toujours plus convenues de manière assez frustrante, le film n'a même pas pour lui d'entretenir le mystère autour de son entité en la dévoilant dès la scène d'ouverture puis rapidement sous toutes les coutures possibles à un tel degré qu'il est déjà impossible qu'elle puisse créer le moindre effroi à mi-parcours. Hormis Scout Taylor-Compton et quelques acteurs locaux, l'interprétation ne fera pas non plus de grandes étincelles et, même au niveau du rythme parfois aléatoire ou de sa réalisation oscillant le correct et le banal, "Ghost House" manquera clairement de folie. Quelques fois involontairement drôle par l'absurdité de certaines situations (la partie de jambes en l'air où le mauvais esprit s'invite avec une tête salace, la manière dont il se loge chez ses victimes par un orifice -c'est d'ailleurs tant mieux qu'il choisisse la voie buccale plutôt qu'un autre chemin- ou encore le fait que le film soit sans doute le premier à nous faire voir un éléphant fantôme), cette épouvanterie exotique va avoir au moins le mérite de toujours rester un minimum divertissante grâce à deux qualités d'approche qui vont lui assurer un début d'identité propre.


Même s'il est fortement balisé par les limites de ce qu'il nous raconte, le film va surprendre par son ton un poil plus adulte que bon nombre de ses confrères. N'hésitant pas à souvent dénuder une actrice principale visiblement loin d'être prude (elle prend une douche au bout d'à peine cinq minutes de l'introduction, c'est déjà un signe), "Ghost House" va quelque part transpirer le côté "tourisme sexuel" hélas indissociable de Bangkok en s'immiscant dans l'intimité du couple ou en mettant en avant l'aspect de dépravation que représente la ville en ce domaine à travers ses bars à hôtesses ou des lieux plus sordides filmés à la manière d'un "Only God Forgives" du pauvre. Attention, cela reste gentillet mais tout de même, le film a le mérite de ne pas ignorer cette donne qui va devenir une composante essentielle de son autre plus grand atout : l'exploitation astucieuse de son cadre. D'habitude, ce type de récit en terre étrangère compte en grande partie sur son décor pour installer une ambiance et c'est bien évidemment le cas ici, sauf que "Ghost House" va se montrer un peu plus malin en ayant complétement conscience de la richesse de la Thaïlande sur ce plan. De la modernité de façade de la capitale synonyme de piège à touristes à la campagne imbibée de superstitions en passant par les bas-fonds urbains ou un temple perdu au milieu de la jungle, Rich Ragsdale nous balade aux quatre coins du pays, parfois sans grandes justifications mais constamment dans l'optique d'en faire une plus-value au déroulement de son histoire. Et force est de reconnaître que, sur ce terrain, "Ghost House" en use vraiment à son avantage pour tenter de faire oublier ses grosses lacunes.


On ne peut pas ignorer la globalité médiocre de l'ensemble, certes, mais en étant fortement dépaysant afin de contourner le problème de l'ennui causé par son manque flagrant d'originalité, "Ghost House" réussit quand même à se laisser suivre sans que l'on s'attarde trop sur ses ressorts fatigués. Si tous les petits navets d'épouvante avait au moins ces quelques qualités, nos neurones de spectateur s'en porteraient sans doute mieux...

RedArrow
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le 8 mars 2019

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