Un Chaos filmique... et alors, où est le problème?

Pas étonnant que ce film se fasse enfoncer à peu près partout... Un budget ridicule pour un blockbuster Marvel, un premier film relativement récent pour un reboot/suite et pas vraiment acclamé... Ghost Rider: l'Esprit de Vengeance ne pouvait que devenir le projet boîteux de la Marvel, son plaisir coupable. Et c'est sûrement parce qu'ils en avaient totalement conscience que les pontes de Marvel ont choisi les déjantés Taylor et Neveldine pour le réaliser.

Il en résulte une grosse série B de luxe, avec tout ce qui plaît aux fans du genre et qui fait gerber les plus réticents aux plaisirs déviants du 7ème art: personnages clichés et barrés à la fois, acteurs en roue libre venus cachetonner, économie de moyens plus ou moins futée dans la mise ne scène (ici à l'échelle d'un blockbuster), scénario basique mais qui s'autorise quelques sorties de pistes, un rythme donc le bancal est appuyé... C'est bouzeux ou jouissif, au choix. Reste que ça fait un bon bol d'air frais dans les films Marvel jusque là bien consensuels et suivant sans prise de risques les différentes modes des années 2000. Et surtout, que ça ne dépareille pas tant que ça, dans l'esprit, du comics, généralement bancal et difficile à prendre au sérieux malgré quelques perles.

Cela dit, la fidélité au comics, Neveldine, Tayler & Co en ont rien à secouer. Parfois c'est tant mieux, le Rider y gagne en intérêt et badassitude, parfois ça fait grincer des dents le fan de Marvel que je suis (mais pourquoi avoir appelé ce gosse Daniel Ketch?!!!!). Si Carrigan/Blackout n'a pas grand chose à voir avec son homologue de comics, il reste un ennemi sympatoche et, tout comme le Rider, ses rares apparitions sont marquantes et jouissives.

Alors non, Ghost Rider: l'Esprit de Vengeance ne se regarde pas comme un Spider-man de Raimi ou un Batman de Nolan. C'est un film au premier abord peu structuré (le climax est clairement au milieu du film), pas cohérent, et qui, aspect série B oblige, préfère accumuler les petits plaisirs plus ou moins pervers à droite et à gauche: apparitions du Rider toujours somptueuses et badass, scènes d'animations qui éclatent la rétine, Nicolas Cage qui se lâche enfin pour le meilleur et pour le (délicieusement) pire, apparition très second degré de Christophe Lambert... un pêché cinématographique aussi chaotique que l'Enfer, où l'on peut prendre son pied pour peu qu'on accepte de céder à la tentation: n'était-ce pas l'idéal pour le Rider?