Vil Romantique

Giallo A Venezia est un petit giallo qui arrive alors que la vague comme déjà sérieusement se calmer en Italie. Sorti en 1979 le film est réalisé par Mario Landi qui fera essentiellement carrière à la télé et scénarisé par Aldo Serio (Il Gatto Dagli Occhi Di Giada) dont ce sera le quatrième et dernier film. Les deux compères nous livrent un film bien peu inspiré qui semble n'avoir retenu du giallo que deux trois grandes lignes avec du cul, un tueur mystérieux, du sang et un flic qui enquête … Tout le reste va faire cruellement défaut à Giallo A Venezia au point que rien, pas même les constantes du genre, ne vont vraiment fonctionner à l'écran.

Giallo A Venizia nous raconte l'histoire d'un flic qui enquête sur un double meurtres avec un couple retrouvé sur les bords de la tamise, elle noyée et lui lardé de coups de couteaux. L'inspecteur De Pol et son associé Maestrin vont commencer à enquêter sur le passé sexuel et trouble du couple...

Même si le sexe est au cœur de l'intrigue avec un couple assassiné dont l'homme va vite s'avérer être gros un pervers manipulateur, on comprends après trente minutes de film dont vingt de scènes de cul que ce n'est pas forcément l'intrigue policière qui passionne le plus le réalisateur et son scénariste. Je n'ai d'ailleurs pas été étonné d'apprendre qu'il existerait une version X brésilienne du film tant celui ci est déjà particulièrement gratiné avec masturbation masculine en gros plan et imagerie pornographiques. J'aurais une pensée ému pour les deux comédiennes principale du film avec Leonora Fani (Bestialita – L'Agression) et Mariangela Giordano (Le Manoir de la Terreur) qui passent la moitié du film à poil à se prendre des beignes ou se faire violer dans un script qui n'en demandais pas temps. Certes la description de ce couple avec cet homme (le comédien Gianni Dei qui a des faux airs de Michel Houellebech avant décrépitude) qui prend du plaisir à voir sa petite amie dans des jeux sexuels pervers nécessitait sans doute d'aborder le sujet frontalement mais l'enquête méritait elle aussi d'être bien plus développé et curieusement Aldo Serio et Mario Landi semblent pour le coup s'en cogner royalement. Déjà le duo de flics ressemblent à l'alliance de Sonny Crockett et Kojak version latine (Je vous laisse juger ICI) et l'inspecteur De Pol interprété par l'insipide Jeff Blynn passe une bonne partie de son enquête à s'énerver parce qu’il ne comprends strictement rien à ce qui se passe tout en bouffant des œufs durs avec lesquels il jongle tellement il est cool … L'intrigue est tellement poussive que sa résolution va de paire avec un témoin pourtant interrogé en début de film mais qui se réveille à la fin pour donner des informations importantes et un tueur qui laisse traîner son flingue qu'il a acheté sous son vrai nom dans une boutique du coin. En même temps notre inspecteur De Pol(ice) est tellement perspicace qui lui fallait au minimum ça pour résoudre l'enquête car hormis se lamenter en disant qu'il y-a un truc qui sent pas bon dans cette histoire (peu être son haleine de cul de poule à force de manger des œufs durs) il ne fait pas grand chose.

Lorsque le film s'aventure vers la violence graphique, il le fait avec la même délicatesse mais pas du tout la même fréquence que l'étalage de chairs dénudées. Le film ne comporte quatre petits meurtres et étant plus amateur de complaisance gore que érotique je serais plus indulgent sur ces derniers. Comme on ne se refait pas, on a tout de même une prostituée tuée à coup de ciseaux dans le vagin et une autre femme dont on scie la cuisses à hauteur de foufoune, je soupçonne même l'utilisation d'un même moulage pour les deux scènes (J'ai cru reconnaître un poil pubien), en tout cas c'est suffisamment craspecs et gore pour faire leur petit effet. On aura aussi un type brûlé à moitié vif puisque le tueur l'asperge d'essence après lui avoir collé plusieurs balles, il faut dire que le seul moment ou Mario Landi fait un peu de mise en scène c'est quand il filme les meurtres à travers le reflet des lunettes de l'assassin et le feu c'est toujours classe dans un reflet de lunettes de soleil. Quant au cadre du film il ne sert ici que de simple décor bien loin de son rôle dans les films Qui L'A Vue Mourir de Aldo Lado en 1972 ou dans Ne Vous Retournez Pas de Nicolas Roeg en 1973. Même sur ce point Giallo A Venizia ne fait pas plus preuve d'originalité que de pertinence.

Giallo A Venizia est donc un assez mauvais représentant du genre, le film semble avoir broder un vague tissus scénaristique prétexte à balancer un maximum de séquences de cul à l'écran avec quelques meurtres pour faire illusion. C'est d'autant plus dommage que cette relation toxique avec ce pervers manipulateur était une bonne base pour un giallo venimeux et tordu.