Alors d'abord, 140 millions de budget pour des effets spéciaux aussi mal fichus, ça fait mal au cul...
Où est passé tout ce pognon ?
C'est bien simple, visuellement, c'est du niveau d'une bonne production de chez SyFy, sans plus.
Autre gros point faible : le casting.
Déjà il est impossible d'ignorer le gros débat qu'il y a eu avant même la sortie du film, concernant le "whitewashing", c'est à dire faire incarner des "minorités" par des acteurs blancs. Reproche qui avait déjà été fait à l'Exodus de Ridley Scott. Alex Proyas et Lionsgate ont été contraints de s'excuser par rapport à ça. Certains argumenteront qu'on s'en fout un peu car ça n'est pas un film historique, mais ça met tout de même mal à l'aise.
Le médiocre Gérard Butler n'a donc rien à faire dans cette histoire, et encore moins le sympathique Nicolaj Coster-Waldau. Je ne parle même pas du garçon coiffeur qui joue le rôle du voleur, de Geoffrey Rush en mode "je dois payer mon tiers provisionnel" ou du type qui joue Osiris (Bryan Brown, aucun charisme le mec, il est supposé jouer Osiris, le big boss, bordel !). Tout ce petit monde fait aussi égyptien que ma grand-mère fait championne du monde de tumbling.
Le scénario ? Chacun d'entre vous aurait pu l'écrire, ça aurait sans doute économisé des sous à la prod. Bref, aucune surprise de ce côté-là, c'est toujours la même histoire de vengeance sur fond de quête initiatique avec morale à deux balles à la fin.
Que peut-on sauver de cette série B ? :
-Un kitsch assumé qui passe plutôt bien, un souffle épique, quelques paysages numériques assez magnifiques, il faut bien l'avouer, mais trop peu hélas.
-Elodie Yung, qui est la seule, dans ce casting foiré, à tirer son épingle du jeu dans le rôle de Hathor, déesse de l'amour. Son physique oriental colle bien au personnage. Chadwick Boseman n'est pas mal non plus, même si c'est le comic relief du film.
-C'est over the top, du début à la fin. La scène sur la nef de Râ est un délire scénaristique total avec un gros clin d'oeil à Dark City (en plus du casting de Rufus Sewell). Un truc de malade cette scène avec Geoffrey Rush.
-Un matériau de base d'une grande richesse. On aurait aimé voir davantage de dieux et de déesses. On aurait aimé un peu plus de gravité, un poil moins d'humour. Un film un peu plus organique et moins numérique. Il y avait un gros potentiel dans cette histoire, mais qui a été lamentablement exploité.
Ca donne un film boursouflé qui alterne des plans sympathiques puis hideux (la tronche du Sphinx...on est en 2016 les mecs...).
Ca plaira certainement aux plus jeunes, mais ça reste un ratage.
Attention, le film est cependant loin d'être aussi mauvais que "Le Choc des Titans" ou "La Colère des Titans". Ca lorgne plus du côté du sous-estimé "Immortels" de Tarsem Singh, en partie à cause du parti pris esthétique, qu'on peut ne pas aimer mais qui est courageux.
Tout n'est donc pas à jeter dans "Gods of Egypt", d'où un 6/10 sans doute trop indulgent, mais c'est parce que j'avais revu mes ambitions à la baisse à cause du trailer pourri, et donc, n'en attendant rien de spécial, j'ai quand même passé un moment divertissant devant ce film qui, malgré tout, reste spectaculaire et tente des choses.