Horus, ô désespoir !

Monsieur Proyas,
Déjà, je ne trouve pas très joli-joli de vous faire passer pour Alex Proyas. Il ne suffit pas d'avoir le même nom que le réalisateur de Dark City pour en avoir le talent.
...
Pardon ?
...
Ah ? C'est...
...
Hmm hmm.

Reprenons.
Monsieur Proyas,
je suis un des rares à vous avoir défendu pour Prédictions.
Moi, je l'aime bien, Prédictions. Cette sorte de film catastrophe ultime qui repose sur des procédés du cinéma d'horreur, même avec son discours pseudo-religieux à la con, je l'ai bien aimé.
Mais je m'égare (d'Austerlitz ? vu le film dont nous allons parler, ce serait plutôt Waterloo).
Mais, nom d'un scarabée, qu'est-ce qui vous est passé par la tête, là ? Une volonté suicidaire de se foutre de la gueule de vos spectateurs ?
Non, parce que :
_ "les dieux sont un peu plus grands que des humains et c'est de l'or qui coule dans leurs veines", ça, déjà, ça fait sourire.
_ Justement, parlons-en, de vos dieux. C'est quoi, ce machin que vous avez employé pour tenir le rôle d'Horus ? Non, mais honnêtement, si lui est un dieu, alors je suis Galilée de Vinci. Enfin, un dieu, pour moi, ça doit avoir un minimum de majesté et de prestance. Ici, les dieux, ils ont le charisme d'une wassingue de bistrot. Et ce n'est pas en leur donnant vingt centimètres de plus que l'on compense des acteurs qui font tapisserie.
_ Et Horus, dans tout ça ? C'est bien le dieu le plus pathétique que j'aie vu depuis... au moins ! Non, mais attendez : le mec se fait voler ses yeux, il vit comme un sdf, il est incapable de se battre correctement et se fait latter la gueule par des sortes de soldats-rhinocéros (là, j'ai pas bien suivi, désolé), et il ne doit la vie et la victoire qu'à un gamin, voleur en plus (mais que fait la police ? Elle se fait latter la gueule aussi ? Bon, d'accord). Si ça, c'est un dieu, alors... Je l'ai déjà écrite, cette phrase ? passons.
_ Le patriarche, il vaut le coup d’œil également. Ra, sur un bateau en orbite autour de la terre, tirant le soleil avec une chaîne tout en flinguant un ver géant qui veut bouffer toute la Création : si, à 50 ans, tu n'as pas vu ça, tu as raté ta vie !
_ est-ce que je dois parler du gratte-ciel avec son ascenseur ? Non, ma pudeur me l'interdit.
_ Et pis, merde à la pudeur : un gratte-ciel avec un ascenseur dans l’Égypte antique ? (enfin, c'est même avant l’Égypte antique, c'est dire !)
_ tant qu'on est dans les bizarreries, je ne passe pas sous silence les hiéroglyphes qui sont utilisés comme des rébus
_ et le char tiré par des scarabées géants, il vaut le détour, lui aussi !
_ je ne peux pas oublier les deux cobras géants cracheurs de feu. La mort du second cobra figure en bonne place dans le "top 10 des solutions ridicules pour scénaristes sans idées".
_ dois-je ajouter qu'avec tout ça, on n'est même pas fichu d'avoir des effets spéciaux un tantinet intéressants ? Que la destruction apocalyptique que l'on attend et espère tout le film durant (putain, on s'est tapé deux plombes de ce machin rien que pour ça) se résume au combat de deux piafs en plein vol ?
_ bon, puisqu'il faut bien trouver un point positif, les actrices sont judicieusement choisies selon leur capacité à porter le décolleté

Une fois de plus, Hollywood réalise un syncrétisme absolu, mélangeant dans le plus complet foutage de gueule mythologies égyptienne, grecque et chrétienne. Le Sphinx égyptien pose des énigmes : c'est bizarre, je croyais que l'on voyait cela plutôt de l'autre côté de la Méditerranée ! Et Horus, à la fin, a bien des allures de Messie, tandis que Ra ressemble beaucoup à Dieu le Père, ayant même le pouvoir de la résurrection.
Voilà voilà.
Alors, maintenant, si quelqu'un a des nouvelles du réalisateur de Dark City, j'aimerais savoir pourquoi il ne fait rien depuis quelques années...