Faire oublier le film de 98
Godzilla c’est avant tout le roi des kaijus, un monstre légendaire du cinéma mondial, adulé au Japon depuis 1954 au travers de films aussi kitsch qu’un épisode de Power-Rangers. Chez nous on le connais grâce à l’adaptation de Roland Emmerich que j’adorais quand j’étais gosse. Mais qui ressemble bien trop à Jurassic Park qu’à un film avec un dino de 150m de haut. Cette première version était sympa mais très pro-américaine pour vraiment marquer. Et surtout Godzilla est l’ennemi et non le héros du film.
Du coup quand on voulait me vendre un figurine du monstre j’en avait rien à faire. D’autant que la série d’animation placée Godzilla en personnage principal au coté de Nick Tatopoulos. C’était une bonne série d’ailleurs.
Et quand je me suis renseigné quelques années plus tard sur le mythe de Godzilla j’ai vu un gros monstre de la taille d’un building qui butait des monstres aussi divers que variés, dinosaures, araignées, kraken, robots géants et même King-Kong. Même si l’animation ressemble à un gamin de 10 ans jouant avec ses figurines ça a un coté plus épique que Godzilla qui pond des œufs avant de fuir à travers New-York.
Faire un film avec un monstre de 150m de haut peut sembler simple mais peut surtout vite tourner au ridicule si l’américanisme s’en mèle, il suffit de voir la mort de Godzilla 98 pour s’en convaincre.
Godzilla revient ici en héros aussi mystérieux qu’invisible de prime abord. Suite à un effondrement de la centrale nucléaire où travaille le couple Brody, Joe (joué par un Bryan Cranston fort de son expérience de père dealer de méth) perd sa femme Sandra. Accident tragique bien mis en scène pour un tel film d’action. Du coup une question demeure, pourquoi avoir choisi Juliette Binoche pour jouer un personnage aussi secondaire ?
Malgré un début fort en émotions, le scénario disparait aussi rapidement que le charisme du héros. On suivra désormais le périple d’un soldat plus qu’une intrigue poussée. Et c’est la grande particularité de ce film c’est que le cadrage est fit à échelle humaine. Ce qui n’est pas sans rappeler Cloverfield, en moins vomitif, où la créature ne fais que de brèves apparitions. Les rares fois où le réalisateur nous gratifie d’une vue d’ensemble cela se fait au travers des caméras de télévision ce qui donne une situation comique qui m’a rappelé moi à 11 ans voyant le 11 Septembre comme un simple film d’action. Les plans larges servent juste de panoramas à l’esthétique incroyable. Véritables tableaux dignes de figurer en fond d’écran.
L’ennemi est désormais un M.U.T.O, espèce d’insecte géant, croisement entre un Tyrannide et uns bestiole de Starship Troopers adepte de radioactivité. Et histoire de prouver que l’abus de nucléaire est mauvais pour la santé, Super Gojira partira à la chasse au moustique ! C’est la stricte histoire du mythe tel qu’il fut imaginé par la Toho et qu’on retrouve un peu dans la série animé de 99. Je pense d’ailleurs que cet extrait du dernier film japonais « Godzilla Final Wars » vous donne une petite idée du film (à tel point qu’on se demande si Gareth Edwards n’a pas pompé une grosse partie du film).
Les monstres ne forment finalement d’un décor mouvant en arrière-plan, le film casse les codes du film catastrophe. Les destructions de décor restent anecdotiques, pas de gros plans avec des ralenties histoire de montrer des villes dévastées. Le rendu est donc bien différent que ce qu’on voit habituellement mais renforce notre immersion dans le film. Et face à ce combat de titans les tentatives de l’humanité pour exploser les dieux à coup de missiles nucléaires semblent tellement ridicule.
Cependant on remarque pas mal de soucis d’échelle plutôt gênants. Malgré une taille théorique de 150 m, Godzilla parait par moment vraiment beaucoup plus grand. Par exemple il semble bien plus grand qu’un porte-avion de 200m de long et pourtant de cette scène il semble petit. Même problème avec M.U.T.O dont la taille et le poids change très régulièrement. Il devient donc facile de confondre les monstres. Bien heureusement la puissance de ces démons est toujours respecté. L’Homme restera une simple colonie de fourmi tout le long du film. Néanmoins parfois les créatures portent un intérêt bien trop prononcé à des bestioles qu’ils sont censé à peine voir.
Ces maigres défauts n’enlèvent en rien la débauche de puissance à laquelle on assiste, sorte de Pacific Rim en mieux maîtrisé. Les monstres restent tous très cohérents à leur univers grâce à de bonnes explications et des capacités toujours justifiés par le scénario. On évite donc le « pouvoir de la dernière chance » tout en étant agréablement surpris, La salle était en extase lors de certaines scènes, les immeubles semblent être juste une motte de beurre.
Et puis mince alors on parle tout de même d’un saurien nucléaire vieux de 3 millions d’années faisant la taille d’un immeuble qui n’en a rien à foutre des humains et qui pète à la gueule à un insecte géant. Le tout en nageant du Japon à San Francisco. Désolé mais ce film est ultra badass c’est tout. Et puis la musique est cool, Ken Watanabe est cool, les plans sont cool, la fin est cool.