Vous pensiez réellement aller voir un film sur Godzilla ? Ahaha vous êtes naif…
Et bien, on peut dire que je m’attendais à tout sauf à cela, j’étais venu voir un film sur un monstre détruisant tout sur son passage et je me suis retrouvé devant un Godzilla gardien de l’équilibre naturel et protecteur de l’humanité… Mais non de dieu, ou est passé le Godzilla apocalyptique ? Le kaiju symbole d’une société japonaise traumatisée par les bombardements nucléaires de la Seconde Guerre Mondiale et effrayée par leur hypothétique répétition ? Un film à charge contre des américains inconscients ayant réveillé un monstre marin antédiluvien qui, en punition, venait détruire Tokyo, comme une sombre redondance du passé.
Alors après avoir fait le constat impuissant de mon étonnement j’ai navigué sur le net et fait des recherches, c’est là que j’ai découvert que le plus célèbre des Kaiju alternait entre plusieurs visions selon les cinéastes et les époques, une vision destructeur, la version originelle, et une vision de protecteur de l’humanité où le Roi des monstres se bat héroïquement contre des créatures dont les plus célèbres semblent être Mothra et Anguirus… Ca m’apprendra à critiquer sans connaître !
Le réalisateur a donc choisi d’adopter la seconde version du roi des monstres et je me suis bien demandé pourquoi… C’est alors que je n’ai pas pu m’empêcher de faire un rapprochement entre le fait que ce film soit un pur produit d’Hollywood et l’envie de caresser les spectateurs américains dans le bon sens du poile en évitant de leur rappeler une période sombre de leur histoire et de les faire culpabiliser plus que nécessaire… Après tout il ne faudrait pas les faire fuir des salles de cinéma… Et cette stratégie s’est révélée payante puisque 47.5% des entrées et donc du chiffre d’affaire ont été réalisé aux Etats Unis, engrangeant ainsi 93.2 millions de dollars le premier WE de sa sortie !
Mais bon, passons, même avec tout cela le film aurait pu être bon, sauf qu’en réalité il ne l’est pas ! La première demie heure est d’un ennui mortel où l’histoire se met en place doucement et nous présente une famille américaine vivant au japon et dont les deux parents travaillent dans la centrale nucléaire du coin, la centrale est détruite sans que l’on sache réellement pourquoi, la mère meurt et s’ensuit une ellipse de 15 ans. On redécouvre alors le mignon petit enfant devenu grand et qui, comme par hasard, a rejoint la glorieuse armée américaine, il est mariée à une mannequin qui, comme par hasard, est une infirmière blonde, entre-temps le père veuf est devenu à moitié fou et vit en reclus. Tant de clichés d’un coup et vous commencez à saisir pourquoi les 40 premières minutes sont mortels, est il, de plus, nécessaire de préciser que ces acteurs sont tous très moyens ? Sauf le père qui joue dans Breaking Bad évidemment…
L’autre point franchement dérangeant et à la limite de la malhonnêteté est de découvrir au final un tout autre film que celui auquel on s’attendait ! Car Godzilla n’est pas le personnage principal du film ! En effet, on adoptera le point de vu de l’humanité qui est confronté à l’apparition des kaijus, alors si vous êtes venu voir un film de monstres, FUYEZ, on vous ment sur la marchandise ! Mais même là je nuancerais mon propos en disant que cela aurait pu être très intéressant et même original, sauf que la magie n’opère pas, la faute à des acteurs mauvais et à l’impression tenace que quoiqu’il arrive il y aura un happy ending! On ne croit pas une seconde à une fin dramatique… D’autres part l’acteur Bryan Cranston, qui est très présent dans les bandes annonces, disparaît assez rapidement de l’histoire… Bref on ressort de la séance avec une légère impression de foutage de gueule…
Ceci est vraiment dommage car les rares fois où apparaissent Godzilla et les autres monstres, la qualité est là ! Les effets spéciaux sont merveilleux, les combats très bien réalisés et la mise au scène est a coupé le souffle, et ceci nous donne une idée de la claque que ce film aurait pu être s’il avait été sur… Godzilla ! Gareth Edwards tente d'adapter le point de vu de l'être humain mais n'arrive pas à créer la moindre tension, la moindre peur, que ce soit du nucléaire ou des monstres, bref ce film ne vaut que pour les rares scènes de combats dantesques entre kaiju qui relèvent du genie!
Nous voilà donc devant un film bien calibré pour le marché américain avec la Warner Bross qui a parfaitement compris pourquoi Pacific Rim n’avait pas très bien marché : les films de monstres, sur les monstres, ce n’est pas très vendeur en occident !