Titre du film : inapproprié.
(Avec spoilers)
Esthétiquement, visuellement, techniquement : Une prouesse, malgré les erreurs de proportions de Godzilla (m’étant paru plus grand, ou plus petit selon les plans), ce qui m’a perturbé dans mon évaluation de l’immensité exacte du colosse, mais ce n’est pas très flagrant (sauf sur l’affiche !).. à moins que ce ne soit mes yeux qui déraillent.
Quoiqu’il en soit, il n’en est pas moins impressionnant, et tout comme pour Godzilla, on ne peut s’empêcher de saluer le travail monstrueux (ce n’est pas un jeu de mot) derrière le design des Mutos. Ces gigantesques créatures à cheval entre gorille et chauve-souris.
Et ne sont pas impressionnants que les monstres de ce film. Certains plans nous restent aussi en mémoire, de par leur rupture visuelle (ingénieusement amenée et très bien dosée) avec le reste de l’œuvre. Je pense notamment au plan du saut des soldats dans le vide, laissant derrière eux une traînée de fumée rouge, quasi-sanguine, sur fond sombre et apocalyptique; à celui en vue aérienne sur Godzilla dans l’eau, se dirigeant vers la ville (la rupture dans ce plan est essentiellement chromatique), mais aussi à celui où on l’entrevoit avant la fermeture des portes de l’abri de la population. Plan qui clos la bande annonce d’ailleurs, ce qui est un choix très judicieux.
Pas grand-chose à critiquer donc, sur l’esthétique, le visuel ou la technique. La bande annonce nous avait fait comprendre l’atmosphère dans laquelle nous allions plonger. Ne nous laissant pas de bonnes ou de mauvaises surprises à ce niveau là.
Ceci-dit, les quelques points négatifs que j’ai souligné, sont à mon humble avis des problèmes d’écriture, de jeu d’acteur, et de temporalité.
Voilà pourquoi :
- On a une très claire et réussie scène d’exposition, nous faisant entrer instantanément dans l’action avec la mort de la mère de famille, un personnage principal lors des premières minutes, incarné par Juliette Binoche (... pourquoi pas ?). On s’attend alors tout de suite à une cascade d’événements qui donnerait un certain rythme au film dès le départ. Mais non. Et ceci à plusieurs reprises. Souvent, dès qu’on a un élément déclencheur de l’action, le temps d’attente entre cet élément et son impact, est interminable.
Le scénario est tristement étiré dans le temps, et cela se reflète surtout dans la trame principale. On voit très peu Godzilla au départ, ce qui est très bien, mais il arrive tellement tard, on l’attend tellement longtemps, que quand il apparaît, on se rend compte que la sauce était déjà retombée.
Et c’est là que Gareth Edwards m’a perdue.
- Au niveau scénaristique : Le personnage de Joe Brody (incarné par Bryan Cranston) fait de l’ombre à Ford Brody (Aaron Johnson). Alors en quoi est-ce un problème ? Et bien c’en est un car Joe Brody meurt tragiquement, et qu’on se retrouve à suivre Brody fils comme personnage principal. Mais après la mort de notre « chouchou », on entre dans cette optique de « plus rien à perdre », et on craint beaucoup moins la mort de Brody fils.
- Questionnement sur le jeu d’acteur : J’ai trouvé Bryan Cranston très caricatural dans sa façon de jouer, mais je vais mettre ça sur le compte de la version française car je ne doute pas une seconde de sa compatibilité avec ce rôle. Concernant Aaron Johnson, il a fait simplement son travail, mais il aurait pu s’investir d’avantage.
- Autre bémol scénaristique et non des moindres : Le rôle de Godzilla.
Ce n'est plus l'ennemi ?
D'après les échos sur ce projet, ce film était censé être un reboot, ce qui par définition implique une fidélité considérable au récit d’origine. Or ce n’est pas le cas.
Ici, Godzilla intervient en tant que sauveur (à la toute fin), et en deviendrait presque aussi attendrissant qu'un dinosaure en peluche, surtout lors des dernières minutes.
Bon, j'accuse, mais après tout, pourquoi pas ? Faisons le évoluer, mais dans ce cas, assumons le !
La bande annonce, l'affiche du film et toute la promo autour nous laissait penser qu'il était bel et bien l'ennemi à combattre. Etais-ce involontaire ou bien un moyen de créer la surprise ? Dans tous les cas, c'est très confus et peut être même un peu frustrant en sortie de séance.
Et puis si les Mutos endossent le rôle des méchants et disposent d'un temps d'écran nettement plus considérable, pourquoi le film ne s'appelle-t-il pas Mutos, voir Mutos vs. Godzilla..?
En dépit de ces quelques réserves que j'ai éprouvé vis à vis de ce film, il n'en est pas moins un très bon spectacle, très divertissant, que je me ferais le plaisir de revoir (en salle).