Dans le ventre de Godzilla
J'ai un goût particulier pour le cinéma réaliste, et je ne suis pas friand de blockbuster... Déjà Monsters, œuvre fauchée partant d'un très vague scénario, m'avait complètement bluffé comme premier film, fantastique qui plus est.
En allant voir Godzilla, je dois avouer que j'avais pas mal d'appréhension : Un budget beaucoup plus élevé donc avec beaucoup plus de moyens, y compris et surtout pour les effets spéciaux pour, qui plus est, un film fantastique en 3D.
Bref, rien ne laissait présager l'immense surprise qui allait m'arriver en plein visage lors de cette séance de cinéma.
1 - Effets spéciaux
Dans Monsters, presque tout était suggéré. Dans Godzilla, Gareth Edward choisit de suggérer avant de finalement montrer. A la vue du premier monstre, on se demande si celui-ci a été vraiment créer par ordinateur tant sa crédibilité graphique et sa qualité visuelle sont stupéfiantes.
Enfin ! Enfin les effets spéciaux ont atteint un degré de réalisme auquel on peut croire !
Les monstres, les explosions, la destruction, le tsunami... Tout est d'une qualité visuelle ahurissante !
Mais Gareth Edwards ne s'arrête pas à cela...
2 - Prises de vue
La question du point de vue dans Godzilla est presque centrale. Gareth Edwards vise clairement à intégrer le spectateur dans son histoire. C'est pourquoi je crois que la très grande majorité des plans sont (faussement) subjectifs, c'est à dire que les points de vue adoptés, pourraient, en toute vraisemblance appartenir, à chaque fois, à un personnage, complètement présent dans l'intrigue (et dans la diégèse) du film.
Nous voyons un personnage abrité sous un avion, puis nous voyons en contre-champs ce que quelqu'un dans la même situation que lui verrait potentiellement.
Ce choix de réalisation fait que le spectateur est volontairement engagé comme témoin direct de la scène.
3 - La 3D
Le choix d'avoir voulu ce film en 3D est loin d'être anodin. Je disais que le spectateur était prit comme témoin direct de l'action du film, mais cela va plus loin. Le procédé 3D ajoute de toute évidence une profondeur visuel au film, c'est à dire que l'écran s'élargit dans la profondeur de champs pour tirer avec lui le spectateur et littéralement l'intégrer dans le monde du film ! Le spectateur n'est plus hors du film dans une simple salle de cinéma, il est désormais dedans, en son sein, pris comme témoin direct de l'action aux côtés des autres personnages !
4 - Le son
Dans Monsters, le son avait une importance absolue. Dans Godzilla, Gareth Edwards, alors qu'il aurait pu le négliger au profit du visuel, comme le font et l'ont fait d'innombrables blockbusters, ne l'a pas oublié. Voilà le spectateur intégré au monde filmique qu'il est en train de regarder, et d'entendre. L'univers sonore du film, en plus d'être extrêmement riche, est qualitativement d'une subtilité proche, très proche même, de l'univers sonore auquel on est confrontée dans la réalité.
Tout est absolument pensé et maitrisé ! Nous sommes désormais dans un univers si possible, si réaliste, qu'il peut nous laisser croire à tout ce qu'il y a normalement d'irréel, y compris les monstres. Car leur crédibilité est aussi valable par le son. Chaque son provenant d'eux leur confère une existence encore plus appuyé devant et autour de nous, dans l'univers auquel nous avons été projeté, c'en est même presque effrayant.
5 - Les monstres
Enfin il y a les 3 monstres. Chacun d'entre eux est un système organique à part entière, d'une cohérence que le spectateur non-scientifique que je suis ne peux pas contester. Nous voyons à chaque fois ces monstres d'un point de vue humain, ce qui nous empêche de toute façon d'établir sur eux une analyse physique. Nous remarquons juste que ce que nous voyons et entendons et qui émanent des monstres relève de l'étrange, ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Nous ne sommes pas face aux monstres de Jurassic Park, ni face au Godzilla de Roland Emmerich, et ni même face aux monstres de Monsters. Nous sommes devant les monstres du Gozilla de Gareth Edwards et c'est ce qui les rend justement effrayant !
Je crois, et je pèse mes mots, que Godzilla de Gareth Edwards, est d'une importance absolue. Par la place que le film confère au spectateur, en le prenant presque violemment de son siège grâce à la 3D pour le projeter dans un univers graphiquement (proche du monde réel), visuellement (proche de l'aspect de toute chose réelle que la qualité de la vue humaine est capable de discerner) et auditivement (proche de l'aspect sonore émanant de toute chose réelle que la qualité de l'ouïe humain est capable de discerner) réaliste, face à des éléments dans le fond parfaitement fantastiques (les monstres, les dégâts causés...), Godzilla révolutionne selon moi le "genre", que je croyais définitivement figé du blockbuster américain et laissera sans doute, en tout cas je l'espère, son empreinte dans l'Histoire... du cinéma.