Bon ben voilà, cette fois encore on touche le fond. Pourquoi se fatiguer à faire un remake quand on peut massacrer un montage ? Pourquoi prendre le risque de diffuser un film sans un blanc dans le paysage, même si c’est un film japonais ? Bref, pourquoi s’emmerder à faire un peu propre quand on peut tout saloper ?
Du respect, les Américains n’en ont aucun pour le film original au sens large (son histoire, ses auteurs, son message) et ils ajoutent donc, pour remplacer quelques séquences coupées (certes peu fascinantes en tant que telles, mais emblématiques de la vision d’Ishiro Honda et de sa sensibilité japonaise, comme la vie d’un village de pêcheurs, par exemple) une série de séquences avec dans le rôle central Raymond Burr. Le mot “central” est le plus juste car Burr est régulièrement filmé au centre de l’image, tout comme on essaie de faire croire qu’il est au centre de l’action (alors qu’il n’en est souvent que le témoin, en réalité). Les Américains n’essaient même pas de faire semblant, les reshoots ne comptant que deux ou trois moments où des comédiens filmés de dos interprètent les comédiens du film original.
Vidé de sa substance, massacré dans son esthétique et dénué de tout intérêt par rapport au modèle original, Godzilla : king of monsters ! devient rapidement une pénitence à regarder, même dans un but cinéphilo-historique. C’est pas compliqué, le film est désormais un bonus parmi tant d’autres dans l’édition DVD de Godzilla de la collection Criterion aux Etats-Unis. Une justice, pour une fois.