Nul besoin de vous refaire le synopsis, nous savons de quoi il s'agit. Nous savons que le sujet est on ne peut plus d'actualité, tellement d'actualité que les protagonistes de l'affaire en cours ont fait des pieds et des mains pour que ce film ne puisse pas sortir en salles, mais "Grâce à Dieu" (promis, ça sera la seule fois), la force du cinéma, la force de l'art et sa nécessité de pointer du doigt, la justice et la force des choses, et de tout ce qu'on peut y ajouter ont triomphé.
François Ozon est certifié être Mon Gars Sûr depuis bien longtemps, je vais à chaque fois voir tous ses films les yeux fermés, dans une confiance quasi absolue.
Tout est parfaitement bien amené et maîtrisé, on est tout de suite happé dans le récit d'Alexandre, dans la vie de François et celle d'Emmanuel. C'est un film qui prend le temps de se construire dans chaque histoire, chaque individu et qui aborde leur passé et examine leurs cicatrices avec précision, délicatesse et dans un grand respect.
Ce qui nous frappe davantage, en plus des horreurs que les victimes ont vécu, c'est la manière simple mais extrêmement blessante dont sont montrées l'indifférence, l'absence d'amour et de compassion des parents, qui rejettent la faute sur leurs enfants, qui minimisent leurs souffrances et qui ne veulent pas comprendre, entendre ou accepter ce que leurs enfants ont subi, au contraire d'une petite poignée d'autres parents qui eux, ne savent presque plus pourquoi ils n'ont rien dit, ou n'ont pas fait plus pour défendre et protéger leurs progénitures.
Certes, la durée et la construction de l'histoire peuvent être considérées comme des défauts, mais c'est justement ce choix scénaristique qui amène Grâce à Dieu comme un film nécessaire, d'utilité publique, dans une finition propre et honnête.
Mention très, très très spéciale à non seulement un casting de choix, mais surtout à un Swann Arlaud merveilleux et bouleversant.