Film d'émotion et de rage relatant une histoire vraie dont l'issue est encore incertaine, "Grâce à Dieu" est une œuvre importante, prenante, très dur à supporter mais juste dans sa façon de relater les faits.
Sobre dans sa mise en scène, pudique et feutré dans les images, (situations classiques montrés, travail sur les couleurs très classe soutenant l'ambiance du métrage lors d'interrogatoires, de flashbacks, de rencontres) laissant toute la place à l'imagination de l'horreur vécue par le montage:
- Les flaschbacks sur les attouchements du prêtre envers les personnages principaux lors des camps de scouts ou à l'église sont terrifiants et le monteur coupe juste la scène avant l'acte même laissant le spectateur pétrifié pouvant s'imaginer la scène suite aux témoignages entendu de chacun au préalable.
La justesse du film en fait sa réussite autant dans le scénario que dans l'interprétation.
Bien que j'ai été désarçonné par une narration linéaire qui passe d'une idée originale avec un échange épistolaire en voix off à quelque chose de beaucoup plus traditionnel dans sa deuxième partie, le scénario relate les évènements dans l'ordre pour mieux nous rendre compte du combat de chacun, de leur rencontre, de leurs vies.
A savoir trois témoignages d'hommes abusé par le prêtre Preynat pendant leur enfance et qui vont découvrir au fur et à mesure qu'il a abusé d'autres enfants. Chacun à leur manière ils vont menés l'affaire en justice, dévoilé ce qu'il c'est réellement passé.
Les points de vues diffèrent tout en se rejoignant dans la volonté de justice, de reconnaissance ou d'oubli. François Ozon montre les réactions de chacun et de leurs entourages n'omettant rien, ni les situations de familles gênantes, les déboires, la peur de parler, renier ce qu'il c'est passé par peur. Il touche ainsi à des sentiments propres à chacun qui dépasse le stade de l'histoire et des faits contés et qui peuvent s'appliquer dans beaucoup de situations autres que celles décrites.
C'est là que ça fait mal et que l'émotion sort, éclate. Cela c'est produis tout le long du film pour ma part, aussi par la place de la parole, (qui devient sujet total) et l'interprétation de chaque acteur.
La liberté d'avouer face au déni, la liberté de porter les faits au plus haut des institutions, (la paroisse de la région, le Vatican) pour leur faire avouer, les faire tomber, la liberté de "ressasser le passé pour remuer la merde", (comme le dit si bien un des persos), la liberté d'abandonner la foi ou la suivre malgré ce qu'il c'est passé, (questionnement concluant le métrage)...
Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud interprètent cela à merveille et rendent les paroles de chacun prégnantes, rageantes et émouvantes à souhait lors de chaque scène avec une justesse magnifique qui prends aux tripes. Tous les acteurs et actrices les accompagnant sont tous aussi bons.
Même si le film porte un peu trop le label france tv région dans son ensemble, (dans le sens ou on peut penser à un téléfilm de la semaine de france 2 ou 3 à beaucoup de moments) et que la narration est plus épisodique que cinématographique, François Ozon livre une œuvre d'une importance capitale à voir.
Un film dur et réaliste rendant hommage aux combats de ces hommes face à l'institution religieuse en espérant que justice leur soit rendu...