Tourné dans le plus grand secret, le nouveau film de François Ozon a rapidement fait parler de lui. Le cinéaste a été assigné en référé par un avocat demandant de reporter le film au motif que la vraie affaire n’a pas encore été jugée. Cette affaire est celle du Père Preynat, un prêtre suspecté d’avoir abusé de centaines d’enfants dans le diocèse de Lyon. Au motif de la liberté d’expression et de création, le juge a bien permis la projection dans les salles en février 2019. « Grâce à Dieu » filme des hommes, pères de famille ou non, vivant avec un passé douloureux. Scouts dans les années 80, ils souhaitent enfin libérer leurs paroles et dénoncer les abus sexuels d’un prêtre qui pratique encore aujourd’hui et rendre publique le silence de l’Eglise catholique. Les témoignages des personnages de Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud et des autres étaient suffisamment poignants pour ne pas avoir besoin de recourir aux flash-backs. Ce choix discutable mis de côté, l’œuvre d’Ozon est bouleversante. En effet, « Grâce à Dieu » ne remet pas en cause la foi, mais les hommes qui dirigent l’institution. Pourquoi l’Eglise aurait un pouvoir prédominant sur la justice ? « Grâce à Dieu » nous ouvre les yeux sans caricature et sans tire-larmes sur la cruauté du silence.