Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
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Walt Kowalsky est un retraité bougon des usines Ford, profondément marqué par les horreurs qu'il a vues et commises lors de la guerre de Corée.
Après avoir enterré la femme de sa vie, il se replie sur lui-même, rejetant jusqu'à ses enfants et petits enfants dont il constate qu'ils n'ont plus aucun sens des valeurs. Seul le curé s'accroche et réussit adroitement à l'amener à s'interroger sur les culpabilités qui le rongent.
Depuis la Corée, il a gardé une haine tenace de tous les asiatiques, hors ses voisins sont des réfugiés hmongs qui viennent des frontières de la Chine et de l'Indochine. Mais il va rapidement se rendre compte que cette population très traditionnaliste a conservé ses valeurs morales, mais qu'elles sont menacées chez les jeunes. Kowalsky n'est pas homme a rester témoin passif. Il va choisir son camp, celui des valeurs auxquelles il croit.
Il faut signaler que dans ce film, un certain nombre de scènes méritent de devenir cultes, comme par exemple la leçon de virilisation de Thao au salon de coiffure. C'est un pastiche de l'américain moyen très amusant.
Alors pour tous ceux qui ont rejeté Clint Eastwood dans la poubelle "connards fascistes républicains", vous avez raison, il dénonce une société déliquescente et défend les valeurs morales. Eastwood est un américain de la vieille école. Il n'a pas oublié que les Etats Unis ont été construit par des générations d'immigrants de toutes origines qui ont travaillé dur autour de morales strictes. Il critique ici les nouvelles générations qui rejettent toutes les valeurs qui ont fait son pays. Ce n'est pas un film sur le racisme (on voit qu'entre copains, les anciens se balancent des remarques douteuses en rapport avec leurs origines sur un ton amical. C'est plus une façon de s'identifier dans une société multi-origines que du racisme). C'est un film sur les conflits inter-générationels et la perte des valeurs qui unissent une société.
"Gran Torino", comme nombre de ses films ("Bronco Billy", "Honky Tonk Man", "Un monde parfait", "Mémoires de nos pères", "Mystic river",...) est avant tout humaniste.
N'en déplaise à messieurs Nakache et Toledano, "Gran Torino" ne défend pas un multiculturalisme mercantile et putassier, mais la tolérance et la rigueur morale. (Si avec ça on ne me met pas quelques "dislikes", je ne sais plus quoi faire...)
Eastwood corrige donc avec un certain humour l'image erronée qui lui colle à la peau. Mais surtout, après avoir écorné l'image du héros dans la plupart de ses films , il nous présente ici sa conception du véritable héros: Un homme ordinaire, qui dans une situation critique agit de façon extraordinaire.
Il faut noter aussi qu'Eastwood, qui nous avait habitué à ses problèmes de paternité avec une de ses filles, nous parle ici de ses problèmes avec ses fils. Comme dans "Million dollar, baby", où il se trouvait une fille de substitution, il s'invente ici un fils adoptif.
Ma seule réserve sur ce film, se rapporte aux mimiques excessives d'Eastwood lorsqu'il veut exprimer sa désapprobation ou sa colère.
Beaucoup ont trouvé ce film triste.
Kowalski se sait condamné. Il a la chance et le courage de pouvoir donner du sens à sa mort.
Je ne trouve pas cela triste.
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Créée
le 30 nov. 2015
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