Grand Larceny est intéressant pour deux raisons principales. Dans le cadre de la filmographie de Jeannot Szwarc, il annonce la transition à venir vers le cinéma français, puisque l’intrigue se déroule sur la Côte d’Azur ; dans le cadre du paysage cinématographique de la fin des années 80, il atteste la permanence d’un goût pour le film d’arnaque perpétué avec notamment L’Arnaque 2 (sorti en 1983) et qui obtiendra un succès populaire en 1988 avec Un Poisson nommé Wanda et Le Plus escroc des deux.
Réalisé pour la télévision et produit par trois pays – les États-Unis, la France et l’Angleterre –, le téléfilm repose sur un canevas plutôt savoureux : en apprenant la mort de son père, Freddy Grand se rend dans la propriété de ce dernier, située sur la Côte d’Azur, et découvre qu’elle est la fille d’un malfaiteur. Avant de mourir, son père a pris soin d’enregistrer des bandes vidéo que son plus fidèle ami, Flanagan, diffuse à Freddy ; Szwarc trouve dans ce testament télévisé l’occasion de retrouvailles originales et ludiques, dans la mesure où la fille renoue avec son père disparu au fil des cassettes, à mesure qu’elle accepte d’achever une affaire lucrative, tel un agent acceptant une mission périlleuse. À la croisée des genres, le téléfilm souffre néanmoins de personnages stéréotypés (le Chinois est forcément expert en arts martiaux, la jeune femme a besoin d’aide pour échapper à ses ravisseurs) et interprétés sans réelle conviction, de situations convenues et trop longues, d’une réalisation parfois efficace – voir à ce titre la course-poursuite entre un cheval et une voiture – mais souvent fonctionnelle.
Grand Larceny a des airs d’épisode de série policière rigolote à la Columbo, mais réserve son lot de bonnes idées qui peuvent justifier son visionnage.