Green Hat
Green Hat

Film de Fendou Liu (2004)

Attention, ne vous fiez pas au vilain synopsis qui vend Green Hat comme un chute libre asiatique, laissant espérer un pétage de plomb bien énervé, voir marrant. On s'imagine déjà un petit asiatique prenant d’assaut un magasin de sushis au volant d'une Honda Impreza propulsée au protoxyde d'azote. Et bien remballez les endorphines et remettez votre cervelet en marche : Green Hat prend un tournant assez radical après sa première demi-heure –laquelle est effectivement plus "amusante"– pour devenir un drame tout ce qu'il y a de plus tristounet, qui pose des questions essentielles mais également bien tristounettes, prenant la forme d'une réflexion assez troublante sur le dosage sentiment/sexe nécessaire à la naissance de l'amour avec un grand A.


Vaste programme... plutôt scabreux vous en conviendrez. Devant tel sujet, on s'attend à un déballage de bonne morale, à un étalage de clichés dénonçant la misogynie du mâle alpha mais c'est tout le contraire qui se produit. L'angle d'attaque de Liu Fendou est assez original : il bote les hommes dans ce qu'ils ont de plus cher, leur pénis et, par extension (facile je sais ^^), la virilité qu'il est appelé à démontrer lorsqu'il s'active.


Si sur la distance, Green Hat peine autant que son protagoniste à tenir la marée, la faute à un rythme lancinant couplé à une caméra aussi fainéante que moi un dimanche matin au saut du lit, sa direction d'acteur et son audace thématique, elles, inspirent le respect. En témoigne le face à face attendu entre le mari trompé et l'amant bien doté, qui ne verse à aucun moment dans l'outrance. Attitudes des deux comédiens, dialogues simples mais lourds de sens, agrémentent une situation on ne peut plus improbable d'un réalisme certain. Dommage toutefois qu'on ne puisse pas en dire autant de la scène qui suit et plus particulièrement de sa conclusion.


Néanmoins, cette dernière a le mérite de laisser toutes les questions abordées en suspend. Des réponses, Liu Fendou n'en fournit aucune, parce qu'elles n'existent sans doute pas. Moralité, ne lancez pas Green Hat en espérant une petite séance divertissante. Mais osez plutôt, en connaissance de cause, la découverte d'une bobine pas comme les autres, qui a le mérite de s'attarder sur des questions essentielles, sexualité, amour et performances au plumard, à une époque où ces différentes composantes sont généralement illustrées au moyen d'une triste banalité.

oso
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le 30 janv. 2017

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