"Le building n'était pas fait pour les hommes"
[SanFelice révise ses classiques, volume 6 : http://www.senscritique.com/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379]
N'avez-vous jamais pensé que votre dentiste était un monstre hideux qui ne vous voulait que du mal ? Si c'est le cas, Joe Dante a la réponse à vos interrogations : votre dentiste est un Gremlin.
Voici donc la suite des aventures de Gizmo et les autres. Et cette fois-ci, Joe Dante s'affranchit presque complètement d'une quelconque histoire pour ne garder que l'essentiel : des monstres détruisent tout.
L'aspect politique, déjà présent dans le premier, est ici démultiplié, rendu plus flagrant. Dante, devenu plus célèbre et toujours protégé sous l'aile de Spielberg, ose plus et va plus loin. Le film se déroule dans l'immeuble d'un multimilliardaire maître du monde, Daniel Clamp (toute allusion à un certain Donald Trump serait totalement fortuite). Un immeuble qui représente tout ce que Dante doit détester : absence de vie, absence de sentiment, tout y est automatique, robotisé. On y prône la cuisine synthétique au micro-onde parce que la cuisine à l'ancienne, ça prend trop de temps et c'est trop compliqué. On interdit aux employés d'avoir une plante parce que ça apporte des pucerons. tout ici est dédié à la rentabilité, au chiffre d'affaire, à l'efficacité.
C'est bien entendu un plaisir de voir les Gremlins détruire cet univers. Tout y passe, depuis le réseau électrique jusqu'aux ascenseurs. Et surtout tout le système capitaliste, en commençant par Wall Street.
Mais les petits monstres de Dante ne s'arrêtent pas là. Ils vont littéralement prendre le pouvoir, remplaçant un par un les humains. Le Gremlin-intello dit que les monstres représentent la civilisation. Et c'est peut-être ça le pire : de même que les Gremlins sont la face cachée de Gizmo, de même il paraît évident que Dante se livre à un jeu de Docteur Jekyll et Mister Hyde, les monstres dévoilant de façon abrupte les vices cachés des humains. Violence, alcoolisme, cruauté, tout y passe. Gremlins 2 c'est le retour à la sauvagerie d'hommes livrés à leurs instincts.
Si, à cela, vous mêlez pléthore d'allusions cinématographiques éclectiques (de Busby Berkeley à Rambo en passant par Bela Lugosi et Christopher Lee, et c'est toujours un plaisir sans égal de revoir Christopher Lee), alors vous avez un film de Joe Dante.
Peut-être un cran en dessous du premier car trop lourd, trop surchargé par moments, ce Gremlins 2 conserve son aspect jouissif.