Gros Plan par Claire Magenta
Parmi les diverses recherches qui régissent la vie palpitante d'un préposé en cinéphilie, celle de trouver des films rares, de qualité acceptable et plus si affinités, reste l'une des plus accaparantes et néanmoins gratifiantes... tout du moins lorsque le dit long métrage appartient à cette catégorie. Or méfions nous des faux amis; l'aura culte d'un film est loin d'être en soi une raison suffisante. Le long-métrage britannique Inserts (Gros plan) avait pourtant de nombreux arguments pour constituer une proie honorable au tableau de chasse, en premier lieu son casting: un jeune Richard Dreyfuss post-American Graffiti et pré-Jaws, la belle Jessica « Phœnix » Harper post Phantom of the Paradise et dans une moindre mesure la paire Bob Hoskins/Veronica Cartwright. Las...
Hollywood des années 30. Le réalisateur surnommé Boy Wonder (Richard Dreyfuss) vit reclus dans sa villa. Mis au ban par la Mecque du cinéma, peu enclin à supporter les divers excès, artistiques et éthyliques, de l'ex-enfant prodige, notre agoraphobe pestiféré des plateaux continue néanmoins de tourner... pour un public d'initiés, celui des "pervers syphilitiques" selon ses propres mots. S'enfonçant encore un peu plus dans un état d'ébriété avancé après les performances calamiteuses et l'intelligence limitée de son premier rôle masculin, la journée du cinéaste éthylo-porno vire encore un peu plus au fiasco après l'apparition du producteur en chef, Big Mac (Bob Hoskins).
Son actrice principale (Veronica Cartwright), ex-star du cinéma muet reconvertie dans la scénette porno meurt en effet négligemment, entre deux prises, d'overdose avant la fin du tournage. Un shoot mortel, fruit d'une pathétique pitance, offert à cette pauvre créature filmique par son bon producteur, ce dernier passant ainsi du statut de pimp crapoteux pourvoyeur de pelloches X à celui moins enviable de mauvais dealer de came pour actrice en perdition. Une actrice morte, des gros plans à encore tourner, l'entreprise est bien mal engagée... à ceci prêt que le Wonder Boy fait la connaissance de la petite protégée de cette caricature de producteur véreux avec cigare au bec en option. Cathy Cake (Jessica Harper), désormais seule avec l'ex-enfant prodige rêvant de célébrité et de cinéma pourrait bien tâter de l'objectif...
Inserts de Byrum est un cas d'école. Très bonnes interprétations avec un duo d'acteurs inspiré, une histoire décalée à l'ironie mordante mais entachée de deux points noirs rédhibitoires: une première partie qui aurait gagnée à être plus concise soit réduite de moitié (c'est à dire une demie-heure), et la (fameuse?) limite du théâtre filmé lorsqu'il rime avec huis-clos et réalisation terne. Si le film à raison garde une aura culte du fait du thème abordé et de son ironie, on admettra aussi (et surtout) que ce film méconnu de Richard Dreyfuss reste globalement une déception.