L'espion qui venait de la pluie
Melinda "Linda" Greyton (Taylor, her), une jeune américaine de tout juste dix-huit-ans, est en visite dans le Londres post-WWII de 1949 chez sa nièce Joyce et ses tante et oncle. A la faveur d'un bal organisé par l’armée britannique, Linda fait la rencontre du Major Michael Curragh (Taylor, him) dont elle tombe immédiatement sous le charme. L'amant est romantique (picnic dans les bois, réception fastueuse, dîner aux chandelles), le soldat décoré mais l'homme étrangement solitaire et secret. Élevé dans une Irlande gangrénée par nationaliste, dont il ne tardera pas à grossir les rangs, il s'est en effet rapidement habitué à cacher ses activités à sa famille et aux autorités. A tel point que le voilà aujourd'hui officier de Sa Majesté et espion pour le compte des soviétiques. Toutefois ses multiples va-et-viens nocturnes ainsi que les étranges lettres anonymes qu'il reçoit régulièrement mettent rapidement la puce à l'oreille de sa récente épouse Linda. L'ambiance se gèle, les soupçons s'accroissent et la méfiance grandit quand, sur ordre du bureau soviétique, parfaitement au fait que leur taupe a été percé à jour, une mission tragique et mortelle est ordonnée au Major son mari...
Il s'agit donc, vous l'aurez compris, d'une romance d'espionnage se déroulant dans le Londres nocturne, brumeux et pluvieux au balbutiement de la Guerre Froide. Point de grands moyens comme ça le sera dans les décennies qui viendront quand le conflit s'intensifiera mais encore de l'espionnage "artisanal" à coup de carte postale comme signal de réunion et micro-messages dissimulés entre deux billets. L'intrigue politico-militaire importe peu (elle est même aux abonnées absentes) et le film vaut avant tout pour la confrontation amoureuse entre les deux Taylors les plus célèbres d'Hollywood (Elizabeth n'a alors que dix-sept ans). Victor Saville signe un film tout juste de bonne tenue mais pas d'avantage faute d'un talent évident (je n'avais vu que le mauvais The Silver Chalice avec Newman dans son premier rôle, confirmation donc) et d'un scénario réellement aboutit.