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Guilty of Romance ou le dernier opus concluant une trilogie de la haine sans faux semblant dont le mantra principal est d'aller au bout de son sujet. Sono Sion offre à son triptyque une fin magistrale pour marquer de son empreinte les esprits de ceux qui ne le connaissaient pas et dont je faisais partie. Ces trois gifles que je me suis prises, coup sur coup, sont la marque d'un réalisateur qui assume son style et l'impose avec violence à son auditoire. Guilty of romance en est la preuve filmée, le point final dévastateur d'une analyse de la société japonaise acerbe et noire.
A travers l'éveil d'Izumi, une jeune femme au foyer malheureuse car délaissée par l'homme qu'elle aime, le cinéaste pose la question de la place de la femme au Japon, comme un écho direct à Cold Fish qui développait celle du père. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le portrait brossé dans Guilty of Romance est dépourvu de tout espoir, d'une noirceur extrême qui prend vraiment aux tripes; en grande partie grâce à la magistrale prestation de Megumi Kagurazaka, sans cesse sur le fil, illustrant avec justesse le côté versatile d'un personnage malmené entre principes et désirs. Izumi parviendra à une certaine forme de bonheur en libérant sa libido pour se détacher d'un quotidien routinier, rassurant mais terriblement oppressant. Mais dès lors que ce bonheur l'entraîne dans les bas fonds de la prostitution se pose la question du prix à payer pour avoir pu goûter à une certaine forme de liberté. Car il est bien question de ça aussi dans Guilty of Romance, cette liberté qu'on pense tous avoir alors qu'elle est si abstraite et indéfinissable. D'une certaine manière, les personnages givrés que l'on retrouve dans l'univers de Sono Sion sont libres à leur manière, que ce soit Mitsuko, la prostitué initiatrice de ce Guilty of Romance ou encore Murata, le psychopathe boucher de l'excellent Cold Fish.
Il semblerait en tout cas que ces différentes quêtes de bonheur se finissent toutes de la même manière, dans les tripes et le sang. Dès les premières images Sono Sion annonce la couleur en nous plongeant au coeur d'une enquête sordide dont on comprendra les tenants et aboutissants même si le réalisateur fait tout pour nous embrumer l'esprit. La narration de Guilty of Romance est en effet assez particulière mais très réussie dans le sens où l'on se fait bien balader alors qu'elle est pourtant très linéaire. On se laisse manipuler à notre insu et quand les réponses daignent apparaître, elles n'en gagnent que plus d'impact.
Mais si Guilty of Romance fait mouche, ce n'est pas uniquement grâce au côté extrême de son propos mais davantage à la façon dont il est exprimé. La photographie atteint ici une beauté plastique merveilleuse, toutes les scènes nocturnes sont sublimes, les cadres minutieux et soignés. C'est un vrai festival de couleur, un ballet de flous expressifs qui donnent au film un aboutissement qui impressionne. C'est toujours paradoxal de voir comme il est possible de relater de faits somme toute atroces avec une image aussi belle qui vient illuminer nos écrans d'une violence graphique aussi hypnotiques que malsaine. Un vrai régal en somme.
Vous l'aurez compris, avec Guilty of Romance, Sono Sion confirme la mise au service de son talent à son jusqu'au boutisme nécessaire en nous délivrant un film d'une intensité folle. Sexe, violence, tabou, rien n'est épargné au spectateur pour le bousculer dans ses convictions les plus assises. On sort du film, et donc de cette trilogie, abasourdi, lessivé mais heureux d'avoir pu faire ce voyage cinématographique qui, même s'il divisera les foules, est à mes yeux l'un des plus passionnants qu'il m'ait été donné de faire.
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le 29 juin 2014
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