Le commentaire de trop

Dans le genre "film avec un jeu dangereux mettant en lumière les dérives des réseaux sociaux du monde réel", les gentils adolescents avaient "Nerve", les adultes férus de violence cartoonesque ont désormais "Guns Akimbo", un délire sorti tout droit d'un esprit visiblement composé à 94% de restes de cocaïne ! Mené sur le rythme d'une crise de convulsions d'un geek en pleine rave-party, le nouveau long-métrage du réalisateur/scénariste de l'excellent "Deathgasm" entend en permanence étaler la poudre et le sang sur son univers ultra-coloré pour prétendre à une place sur le podium des plaisirs-coupables de l'année. Et, malgré ses défauts, il n'est pas loin d'y parvenir le bougre !

Frustré par sa vie professionnelle de sous-fifre, Miles s'échappe de son terne quotidien en trollant lui-même les trolls d'Internet. Hélas pour lui, il s'en prend un jour à la mauvaise personne, l'administrateur de Skizm, une sorte de jeu de combat bien réel où les pires tueurs s'affrontent en duel sous les yeux de milliers d'internautes. Se réveillant avec deux armes greffées aux mains, Miles devient ainsi involontairement le nouvel adversaire de Nix, la candidate invaincue du jeu...

À peine le temps de quelques pics bien sentis à une génération perdue dans les pires travers des réseaux sociaux, que, déjà, le tournis provoqué par les caméras vrillantes de Jason Lei Howden emporte "Guns Akimbo" dans une dimension de joyeuse violence débridée et ininterrompue ! Le film ne brillera jamais par son histoire, notamment sur ses rebondissements (soit bien trop classiques dans la veine des comics noirs à qui il emprunte beaucoup, soit trop proches de ceux de "Nerve" justement, surtout en bout de course), ou par la réelle nouveauté de son discours critique mais, peu importe, toutes ces faiblesses de fond sont compensées par le cocktail jouissif de sa frénésie meurtrière et de son second degré constant. Non pas que les séquences d'action impressionnent forcément par leur inventivité ou leur caractère inédit, mais l'humeur de grande dinguerie avec laquelle elles sont emballées nous amène très souvent sur le terrain du n'importe quoi général assez irrésistible. Et puis, pour incarner physiquement cet esprit déviant, rigolard et gratuit à l'écran, "Guns Akimbo" dispose d'un duo d'armes de destruction massive s'éclatant manifestement dans ce registre : Daniel Radcliffe, absolument génial en héros-tueur malgré lui et la grenade blonde dégoupillée (ici sans sourcils) Samara Weaving, actrice qui ne tourne décidément pas les plus grands films du monde mais qui sait incontestablement comment marquer les esprits par sa seule folle présence en leur sein !

Recréation sanguinaire très régressive, "Guns Akimbo" ne s'imposera peut-être pas comme un hit du genre faute de constituer une offre vraiment originale en la matière mais le shot survitaminé proposé par Jason Lei Howden et bien servi par ses deux interprètes principaux a assez d'arguments pour enivrer le temps de sa durée.