Habana par VODD

La couleur du ciel vous désespère ? Vous rêvez de vous exiler sous les tropiques ? Habana est ce qu’il vous faut – enfin presque. Le film vous transporte bien à Cuba, mais dans un contexte un peu particulier : dans un futur proche, la ville de la Havane est occupée par une force armée étrangère et à la limite de la guerre civile.
Loupé pour les hamacs et les rues colorées donc, d’autant que la noirceur du thème se reflète également dans l’impressionnante profondeur du noir et blanc utilisé. Exit les cinquante nuances de gris, place aux innombrables variations de noir : Lazaro, gamin du ghetto de cette ville devenue fantôme, arpente les rues sombres et nous révèle le chaos qui règne au sein de la capitale.
Si le quotidien des protagonistes de Habana est miné par les trafics, la faim et la misère relationnelle, une révolution semble pourtant sourdre entre les tanks : l’espoir serait-il permis ? Lazaro en est convaincu, et sème des indices au gré de ses déambulations. Le spectateur, inquiet et fasciné, doit tendre l’oreille et scruter les images pour déceler le moment où tout pourrait basculer.
Le film s’inscrit en plein dans le genre documenteur (projeté notamment lors de l'édition 2016 du festival On Vous Ment!) ; la forme faussement journalistique utilisée (caméra à l’épaule, témoignages pris sur le vif) nous plonge directement dans l’angoisse de cette société dystopique.
Le bordelais Édouard Salier est un habitué du brouillage de pistes, entre docu et fiction, prises de vue réelles et images de synthèses ; ce n’est pas pour rien s’il est suivi de près par Autour de minuit, qui accompagne aussi des films comme Beheaded et Through the Hawthorn.
On vous promet que la scène finale saura vous arracher quelques frissons supplémentaires !