Choc des cultures

Habibti retrace le parcours d’Iman, une conservatrice Arabe qui voyage jusqu’à Londres pour rendre visite à sa fille Amira et découvrir qu’elle vit avec son petit ami Marlon, un artiste noir. La réalisatrice explique avoir eu l’idée du sujet après un dîner avec Ari Folman (Valse avec Bachir), et s’être également beaucoup inspirée de sa propre histoire personnelle. Si le film joue très habilement sur le comique de situation, en multipliant les scènes cocasses typiques de la rencontre « belle mère intransigeante versus gendre dépité », il développe surtout une belle histoire sur l’incommunicabilité, l’acceptation des autres et de soi-même. Le découpage subtil des scènes met en valeur la complexité de la relation entre une mère et sa fille que le temps et la distance ont progressivement séparées.

Nour Wazzi aborde ici un double thème de société : d’une part, la persistance du racisme anti-noir au Liban ; et d’autre part, la douleur de nombreuses femmes dont « la vie […] est organisée autour de celle leurs maris ; une fois qu’elles deviennent veuves, leur existence perd toute son ampleur, et elles doivent se réinventer ». De fait, on voit progressivement Iman rejeter certains éléments de sa vie qui lui étaient visiblement devenus insupportables, pour se fondre dans une autre culture. La réalisatrice précise malgré tout qu’il est important pour elle de garder une certaine légèreté dans le propos, et de faire la part belle à l’entertainment ; pas d’apitoiement ni de pathos à l’horizon donc.