Hairspray est une comédie musicale « taille 60 » qui se complaît dans le grossissement de ses enjeux, l’exagération de la période historique investie et l’accumulation de chansons comme réglées sur un mode automatique. Pourtant, la surenchère permanente a du bon : le long métrage diffuse une bonne humeur contagieuse que porte une mise en scène fluide et rythmée, aidée par des chorégraphies parfaitement réglées et exécutées. Voilà une belle réussite de studio, un spectacle tel que seul Broadway sait les faire, un show qui déforme tout ce qu’il aborde de la même manière que The Greatest Showman (Michael Gracey, 2018) fera de Barnum un saint homme.
L’autre valeur du long métrage d’Adam Shankman tient au rôle qu’il offre à John Travolta : son personnage apparaît tel un double bouffi pour l’ancienne vedette de danse et de chant, ici mère au foyer qui reprend peu à peu goût à la vie jusqu’à se lancer dans une chorégraphie devant les caméras. Le déguisement peine ainsi à cacher la profonde mélancolie de l’acteur, mal à l’aise dans un corps qu’il juge trop volumineux malgré les quantités de gâteaux et mets tous plus gras les uns que les autres qui pullulent à l’écran. Car il faut bien reconnaître que le film, à force de chercher à rassembler le plus grand nombre de causes, finit par tomber dans la caricature desdites causes, au risque de ne rien dire, au risque de n’être que forme XXL sur un fond absent qu’un amas de chansons mémorables tentent de combler.
On s’amuse, ça oui ! Christopher Walken s’avère réjouissant en vendeur de farces et attrapes, Nikki Blonsky dispose d’un charisme remarquable, Michelle Pfeiffer s’amuse en grande méchante avide de pouvoir. De quoi faire d’Hairspray une comédie musicale de qualité, surtout de quantité. Ne boudons pas notre plaisir.