Ayant fait un flop avec le film précédent parce qu’ils ont voulu innover, les producteurs ont donc décidé pour le quatrième opus de la franchise Halloween de reprendre l’atout des premiers longs-métrages : le psychopathe Michael Myers. En même temps, avec un tel titre, personne ne peut se tromper ! Reste à savoir si la résurrection du tueur emblématique, normalement mort à la fin du 2, se révèle être un coup dans l’eau ou bien un retour aux sources.


Sur le papier, on pourrait même dire qu’Halloween 4 se présente à nous comme un remake du film de John Carpenter. En effet, hormis les personnages (seuls Myers et le Dr. Loomis répondent à nouveau présents), la structure scénaristique de cette suite est exactement la même : Myers s’échappant de l’asile (plus précisément d’une ambulance cette fois-ci), son retour à Haddonfield le soir d’Halloween, Loomis et la police se lançant à sa recherche, le personnage principale devant garder un enfant avant de se faire pourchasser… bref, c’est Halloween premier du nom tout craché ! Et malgré quelques variantes par rapport à ce dernier, comme la présence de la fille de Laurie Strode en tant que cible principale du tueur, autant dire que les scénaristes n’ont pris aucun risque. À cause de cela, on se retrouve donc avec un film d’horreur encore plus prévisible qu’à l’accoutumée, passant également par des incohérences scénaristiques pourtant évitables : la fille de Laurie cauchemardant de Myers alors qu’elle ne l’a jamais vu, le fait que l’héroïne perde de vue cette dernière sans raison pendant la tournée des bonbons, Myers passant trop rapidement d’un endroit à l’autre… Comme pour le premier épisode, il est vrai que quelque part, on se fiche un peu de la teneur du script, le principal intérêt étant les sensations et le divertissement. Mais comme dans ce cas, les carences d’écriture ne s’effacent pas aussi facilement derrière le reste du projet.


Et pourtant, malgré un tel constat qui aurait très bien pu le tirer vers les bas-fonds du cinéma horrifique, Halloween 4 arrive à s’en tirer bien mieux que ses deux prédécesseurs. Les moyens ? Certes, ils sont bien plus conséquents qu’auparavant, permettant certaines scènes que Carpenter n’aurait pas pu réaliser à l’époque (l’explosion de la station essence), faisant oublier la faible allure d’Halloween 3. Sans compter les effets spéciaux qui ont gagné en crédibilité (les meurtres, le massacre du commissariat) sans tomber dans le gore excessif comme l’avait fait Halloween 2. Mais au-delà de cela, Halloween 4 fonctionne avec efficacité car il renoue avec l’esprit du tout premier long-métrage. Par là, il faut comprendre que cette suite parvient à se montrer tout aussi prenante, ayant à son actif des situations tendues et une ambiance bien présente. Il est vrai que niveau mise en scène, Dwight H. Little n’a clairement pas le savoir-faire de John Carpenter, ne parvenant pas à retrouver le côté immersif et angoissant de son aîné. Mais sa réalisation suffit amplement pour jouer aisément avec les liens scénaristiques des autres films (la fille de Laurie, l’évocation d’anciens personnages comme le shérif, le couvre-feu, les habitants de la ville qui chassent Myers…) et le serial killer même (ses apparitions au second plan, scènes à la première personne, jump scares rarement utilisés pour angoisser le spectateur…) pour faire de cet Halloween 4 un film d’horreur sympathique et divertissant (bien plus que les suites de Vendredi 13 et consorts).


Mais surtout, si ce film se présente comme la meilleure suite au premier Halloween, c’est surtout par le traitement réservé à Michael Myers : alors qu’il était parti pour devenir un psychopathe lambda à la Jason Voorhees, il retrouve son statut de croquemitaine universel. Si la réutilisation des répliques de Loomis se font à nouveau entendre tout au long du visionnage (comme quoi Myers serait le Diable en personne), Halloween 4 propose quelques séquences qui érige encore plus l’aura démoniaque et effrayant de Myers, notamment celle du commissariat. Mais c’est surtout les dernières minutes du film qui viennent parachever l’iconisation du personnage, faisant de lui la terreur ultime (eh oui, vous n’en saurez pas plus : pas de spoilers !). Un final qui clôture comme il se doit la boucle… avant que les producteurs décident de continuer, donnant naissance à plusieurs séquelles que connaîtra encore la franchise par la suite.


Quoiqu’il en soit, Halloween 4 redonne à cette dernière ses lettres de noblesse perdues en cours de chemin, alors que d’autres sagas chutent dans le grand n’importe quoi. Même s’il n’a pas l’ampleur du film de John Carpenter, cette suite possède suffisamment de qualités pour se montrer au public tel un divertissement horrifique d’assez bonne facture (à défaut d’être original et imprévisible) qui mérite de porter le titre d’Halloween. Et aux vues de certains opus de la franchise, ce n’est pas une mince affaire !

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