Flairant l’impasse (naturelle compte tenu du programme), Carpenter, passé co-producteur et co-scénariste dès la première suite de son Halloween, tente avec cet opus de transformer la franchise en une collection de films d’horreur distincts. Halloween 3 est donc le hors-sujet absolu dans la saga Halloween : pas de Michael Myers ni de boogeyman, pas de Haddonfield. Et même pour en finaliser, à peine une appartenance au genre horrifique, ce Sang du sorcier versant ouvertement dans le fantastique.

Par rapport à ce genre-là il trouve une place à part, présentant un programme ésotérique et complotiste laissant supposer une vague filiation avec quelques productions des 60s de la Hammer (par exemple les Damnés de Joseph Losey). Avec sa petite ville autarcique et désaffectée sous l’emprise du curieux bienfaiteur Mr. Cockrane, ses thèmes fumeux, sa mise en scène sobre et mystifiante, Halloween 3 est la série B chimérique par excellence.

Si une vague inspiration auprès de L’Invasion des Profanateurs de Sépultures se fait sentir, dans l’ensemble le film présente cette étrangeté des films allant avec une naïveté certaine aux sources du fantastique ; et peu enclines à se restreindre. Car ce qui se profile, c’est un massacre international, rien de moins. La romance cheap pollue un peu l’atmosphère de même que les deux personnages principaux, en revanche tout ce qui fait le décors et les détails du film est intriguant, en particulier l’ensemble des seconds rôles, où le ton s’avère parfois mordant. Fumisterie enfermée dans son époque, Le Sang du Sorcier peut compter sur son charme pittoresque pour séduire.

Le bide commercial va décider du retour de Michael Myers. Tant mieux car si les suites directes ne seront pas des modèles, il aurait été dommage de se priver d’un renforcement de l’univers de Michael Myers. Et somme toute, Le Sang du Sorcier est parfaitement cohérent puisqu’il exploite de façon plus cynique que jamais l’innocence de cette célébration populaire et de ses masques. Pour le reste, Le Sang n’est rattaché de l’intérieur à Halloween que par le clin-d’œil télévisé au chef d’œuvre de Carpenter, son theme à la 75e minute, mais aussi le cameo discret de Jamie Lee Curtis. Enfin on oublie toujours de remarquer un élément : la bande-son, composée par Carpenter himself, remaniant le theme pour en faire un refrain entêtant, enfantin mais dérangé, reflétant ainsi parfaitement la malédiction grotesque et implacable à l’œuvre.

Si on le juge à l’aune de la saga, on ne peut qu’être frustré ; à l’aune des deux premiers opus, être révolté. Sinon, il est largement possible de l’apprécier, y compris comme un nanar ingénieux. Dans le cas où on ne valide rien, il faut quand même encore reconnaître les qualités visuelles de cet Halloween 3, notamment au niveau de ses ambiances mais aussi de ses effets spéciaux, gores bien sûr, moins violents que ceux de Halloween 2, extrêmement décalés surtout. La défiguration à l’hôtel est impressionnante. Par conséquent la place qu’on lui attribue est dans tous les cas imméritée.


http://zogarok.wordpress.com/2014/10/31/la-saga-halloween/

http://zogarok.wordpress.com/2014/10/30/halloween-la-nuit-des-masques/
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le 31 oct. 2014

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