Happy Death Day 2U est un exemple typique d'une suite qui commençait bien, pour laquelle on pouvait espérer que le résultat allait être meilleur que le précédent opus, mais qui se révèle finalement au fil du récit très convenue et qui laisse comme un arrière-goût frustrant. C'est pourquoi il est intéressant de se pencher sur son cas, pour voir qu'est-ce qui a empêché cette suite d'atteindre son potentiel.
Le premier film, Happy Death Day (Happy Birthdead en VF, ce qui non seulement ne veut rien dire, mais qui en plus est absurde puisque le titre original est déjà en anglais, ce qui rend ce nouveau titre complètement inutile), est un long-métrage d'épouvante réalisé par Christopher Landon et produit par Blumhouse Productions, spécialisé dans les petits films d'horreur. Le long-métrage parlait d'une jeune fille qui revivait sans cesse la même journée, à l'instar de Un jour sans fin avec Bill Murray, à la différence que dans ce film la jeune fille finit toujours par se faire tuer à la fin de sa journée et doit donc trouver qui tente de l'assassiner pour sortir de cette boucle temporelle. Le film fut un succès commercial, avec un peu plus de 120 millions de dollars ramassés dans le monde pour un budget minuscule de presque 5 millions de dollars.
Forcément une suite est mise en chantier, avec le retour du même réalisateur. Et là déjà, on pouvait se demander quel était l'intérêt d'un tel projet, alors que le premier film avait déjà fait le tour du concept de boucle temporelle. Mais c'est précisément en début de film qu'on se met à espérer que finalement, cette suite pourrait bien avoir des chances d'être tout de même un bon film.
Il y a de bonnes idées dans la première partie. Notamment celle d'ouvrir un multivers, c'était une façon plutôt inventive de permettre de recréer la base du premier opus tout en y apportant de la nouveauté. Et dans le cinéma d'épouvante, le thème des univers parallèles n'est pas un sujet beaucoup exploité. Vouloir mélanger multivers et horreur avait un petit côté inédit alléchant. Happy Death Day 2U apparaissait alors comme une suite qui allait réussir à faire du neuf avec du vieux
C'était d'autant plus prometteur que la première partie semblait donner plus d'importance à l'humour que dans le précédent opus. Il y avait déjà quelques petites touches d'humour dans le volet de 2017 mais elles étaient surtout secondaires, l'accent étant principalement mis sur le suspens plutôt que sur la comédie. En revanche, le début de cette suite laissait croire que l'humour aurait une place primordiale dans le reste du récit. On se mettait alors à espérer que, peut-être, cette suite serait meilleure que le premier opus, devenant une vraie comédie horrifique dont l'histoire se déroulerait dans un multivers qui contiendrait en plus des boucles temporelles.
C'était, semble-t-il, trop en demander. Christopher Landon va insister tout au long de son métrage pour nous rappeler que son film reste avant tout un film d'épouvante, avec des scènes banales tirées de slashers médiocres, cassant non seulement le rythme mais plombant aussi l'ambiance de film qui aurait pu et dû rester légère jusqu'au bout. Déjà que le côté horrifique fonctionnait très moyennement dans le premier opus puisqu'aucune tension ne pouvait être créée avec un personnage qu'on savait incapable mourir, là c'est encore pire dans cette suite car toutes les situations sont des redites auxquelles on a déjà assistées. Le multivers du récit n'est en fin de compte que peu exploité, on nous présente toujours les même situations, sans prise de risque et sans grain de folie.
C'est énervant car on a comme le sentiment d'un film gâché, qui aurait pourtant pu être bien meilleur s'il était allé jusqu'au bout de son délire et n'avait pas essayé de réfréner l'aspect comique du récit. Alors que l'humour est justement la qualité principale du film qui rend le visionnage plutôt plaisant. C'est comme si le film ne savait pas trop sur quel pied danser tout du long, voulant à la fois être drôle et décontracté, sans pour autant trop s'éloigner du précédent opus qui avait eu tant de succès. Et au lieu de plonger dans le second degré qui aurait pu permettre de faire passer les nombreuses incohérences pour des erreurs assumées au service du spectacle, le film s'acharne à redevenir sérieux régulièrement, refusant ainsi de prendre le risque de proposer un film qui ne ressemble pas au premier.
Happy Birthdead 2U est donc une énième occasion manquée de proposer un film original qui aurait eu le courage de proposer quelque chose de nouveau alors que tous les éléments étaient réunis dès le début. Cependant, malgré le sentiment amer laissé par cette suite qui aurait pu s'élever au dessus de son aîné (ce qui, avouons le, n'était pas non plus un objectif particulièrement difficile à atteindre), le long-métrage n'est pas si désagréable à regarder et Jessica Rothe (on se retient de rire, s'il vous plaît) se montre tout à fait convaincante dans le rôle principale. Jason Blum aurait annoncé que le score au box-office, tout à fait honorable de 65 millions de dollars pour un budget de 9 millions, était insuffisant pour produire un troisième volet pourtant amorcé dans la scène post-générique. Dommage, on n'était pourtant pas passé loin d'avoir enfin le bon film qu'on espérait.