Ce film, c’est l’histoire de 10 migrants algériens qui ont pris la mer pour tenter de rejoindre clandestinement les côtes espagnoles.
Les Harraga, ce sont justement ces migrants clandestins qui tentent ce pari de traverser la méditerranée, au risque de leur vie. Tout de suite au début du film, le réalisateur nous explique et nous met dans l’ambiance :
"Harragas, ce mot, originaire de l’arabe algérien harraga, veut dire « brûler ». Partir, cela s’appelle brûler, brûler ses papiers, brûler les frontières, brûler sa vie s’il le faut mais partir."
Pourquoi est-ce qu’on a choisi de vous proposer ce film? Pour deux raisons bien simples.
1/ Vous vous en doutez, le contexte actuel suffit à donner au film tout son intérêt. Six ans après la sortie du film, la thématique des migrants clandestins n’a pas pris une ride, bien au contraire. Dans cette tendance européenne au retour au nationalisme et face à une tendance toujours plus grande à la stigmatisation, ce film fait partie de ceux que nous souhaitons défendre. Harragas nous permet de voir un peu d’une réalité que nous ne pouvons vraiment connaître, de fait.
2/ Ce qu’on aime aussi dans ce film, c’est son traitement et le parti pris ambitieux de Merzak Allouache. Parce que, première chose à préciser, « Harragas » ce n’est pas un documentaire mais une fiction.
Mais une fiction tranchée, sans facilité, sans espoir d’une solution toute faite qui tomberait du ciel. Une fiction qui nous laisse voir la réalité nue et crue. On ne sait rien de ce qui pousse ces hommes et femmes à partir, on ne voit que la traversée.
Une fiction bien déroutante, donc, puisque sans l’histoire de ces personnages, rien ne nous permet de nous identifier, de nous attacher. On assiste, simplement, et c’est une sensation bien perturbante que de se sentir « invités » dans cette réalité, comme des observateurs extérieurs et impuissants.