Harry Brown pourrait très bien se dérouler en 2062, dans une France entièrement ghettoisée car bradée à l'État Islamique et aux gangs urbains affiliés. Libellool, alors âgé de 76 ans, écœuré que son petit-fils ait rejoint la milice socialo-communiste de Daech et que sa fille vieillissante ait été violée par un gros wolladien en surpoids, pourrait très bien prendre les armes pour faire le ménage dans un bain de sang ultra-violent. Avant de se tirer à bout portant une balle dans le front pour en finir une bonne fois pour toute avec la vie que les technocrates de Bruxelles lui ont imposé. Voilà ce qu'a penser mon cerveau visionnairement tordu - mais réaliste - devant le malaise que m'a procuré ce film, qui selon toute vraisemblance sera encore d'actualité pour nos arrière-petits-enfants (enfin, les vôtres quoi).
Je m'égare. Bon, après la minute post-apocalyptique digne du songe de Batfleck, parlons maintenant du long-métrage de Daniel Barber en question.
En plus d'être une fiction coup de poing sur la réalité des banlieues, Harry Brown est aussi un film de vengeance pour le moins original, parce que pour une fois c'est un papi qui délivre la justice expéditive. Il en a du mérite notre Harry ! Très réaliste (ceux qui prétendent que c'est "cliché" n'ont qu'à aller faire un tour dans une zone sensible si ça leur chante) et d'une violence rare, le film maintient une tension constante jusqu'à la confrontation finale, qui nous fait l'effet d'un uppercut dans l'estomac.
Michael Caine est époustouflant de sincérité dans ce rôle de victime fatiguée par la bêtise humaine et la solitude. Une fois de plus, ce grand acteur arrive sans mal à nous émouvoir au plus profond de nous. Une interprétation qui fait largement oublier celle, plus caricaturale, de Clint Eastwood dans son Gran Torino. Harry Brown dépasse donc haut la main son prédécesseur, sorti tout juste un an plus tôt, grâce à son émotion omniprésente et la force de son propos.
Il en résulte un solide polar à l'ancienne, jouissif à souhait quand le héros pulvérise les petites frappes en survêt qui se la pètent. Il nous en faudrait plus des commes toi Harry Brown, pour nettoyer nos villes gangrénées par la racaille. Tu es mon héros des (sales) temps modernes.