Les choses commencent à se gâter pour la franchise : parce que JK Rowling gagne en assurance, ses romans grandissent avec ses lecteurs et prennent une ampleur digne des grands opus d’heroic-fantasy : le quatrième volet des aventures du sorcier balafré atteint ainsi les 700 pages, et donne du fil à retordre aux scénaristes hollywoodiens.
Bien entendu, le bon sens prévaut : du roman, il ne faudra garder que les morceaux de bravoure, en épurant ce qui fait la psychologie des personnages. Organisé autour d’une compétition haute en couleurs, le film s’attache donc, comme le roman, à ouvrir les portes de Poudlard sur le vaste monde des sorciers, à grand renfort de processions, assez réussies : les Vélanes, les Bulgares composent ainsi une nouvelle identité visuelle bienvenue.
Sur la petite troupe habituelle, on constate avec amusement la transformation des enfants en adolescents : les garçons s’épaississent (même si Harry subit les affres d’une mode capillaire passagère assez regrettable, sur le mode surfer des montagnes) et, surtout, la petite Hermione quitte son statut de première de la classe d’école primaire pour devenir prom queen et faire chavirer les cœurs de tous les moldus de la planète. On assiste, en direct, à l’épanouissement d’une jeune fille, soulignée par une descente d’escalier qui acte avec malice sa naissance à l’écran. Quand on sait que le film est aussi le lieu où surgit Robert Pattinson, l’histoire du star system lui gardera une place singulière dans ses annales.
Le reste est plus dispensable. Les amourettes yankee sur le mode « sois mon cavalier au bal de fin d’année », les rivalités à peine esquissées et à la limite du compréhensible pour qui n’aurait pas lu le livre sont mal disséminées entre les scènes d’actions, qui elles-mêmes sont de qualité inégales. Si le final est assez réussi, tout comme l’affrontement du dragon, la gestion de la CGI reste aléatoire : la très laide – et longue- séquence sous-marine est là pour en témoigner.
La saga suit donc son cours, s’embourbe un peu sous son propre poids littéraire, mais parvient à
garder un cap : quoiqu’on puisse en penser, on a toujours plaisir à retrouver cet univers qui a encore bien des trouvailles à nous dispenser.