Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est sûrement l'opus le plus onirique de la saga, avec un réalisateur ayant pris pas mal de libertés par rapport au texte (à moins qu'il n'ait mal interprété la prose de J. K. Rowling). C'est aussi la première adaptation de la saga où les coupures par rapport au matériel d'origine ont commencé à hérisser le poil des fans (et ce sera le cas jusqu'à la fin, avec un léger mieux sur les 7.1 et 7.2). C'est enfin le film qui, pour moi, tire le plus en longueur malgré plein de qualités.
Le plus onirique parce que A. Cuaron a fait ici le choix de nous présenter l'avancement du temps à travers des plans sur le Saule Cogneur qui évolue au fil des saisons, à travers ces autres plans sur la grande horloge de Poudlard et à travers, enfin, ce tic-tac lancinant que l'on entend à plusieurs reprise au cours du film. Cuaron prend également le temps de faire d'autres plans d'ensemble où les Détraqueurs vaquent à leurs occupations en rôdant autour du collège. Des plans qui entrecoupent les scènes d'action ou de dialogues, donnant ainsi un rythme assez singulier à l'œuvre.
Néanmoins, cet onirisme omniprésent (augmenté par cette présence constante des Détraqueurs, cette plongée dans la jeunesse des parents décédés de Harry via les souvenirs de Remus, ou encore les cours de Sibylle Trelawney) conduit parfois Cuaron à se fourvoir dans la compréhension des écrits de Rowling. L'exemple le plus flagrant étant ce nuage au-dessus du terrain de Quidditch en forme de tête de chien, alors que, dans le livre, il s'agit bien d'un chien réel qui assiste à la rencontre du haut d'une colline.
Et quand il ne se trompe pas (à moins que ce ne soit volontaire de sa part), Cuaron saborde une partie du texte, faisant ainsi de Harry un gros Bill (à la base, il tombe plus d'une fois dans les pommes avant de parvenir à faire un patronus digne de ce nom) et surtout - plus gênant - abandonnant les spectateur à leurs questions :
comment Sirius s'est-il évadé ? Comment a-t-il su que Peter était toujours en vie ? Comment se fait-il que Remus sache faire fonctionner la carte du Maraudeur ? Comment Sirius est-il rentré dans l'enceinte de Poudlard ? Comment se fait-il que Rogue soit au courant pour le passage sous le Saule Cogneur ? etc.
Mais là, il s'agit réellement d'une volonté du réalisateur qui, de son propre aveu, n'aime pas les longues explications.
Cependant, un "détail" qui contrebalance totalement la beauté photographique du film, c'est l'apparence finale de Remus lors de la nuit de pleine lune. La créature qu'il devient est tout simplement atroce et ressemble plus à une espèce de Gollum avec des yeux moins globuleux, une mâchoire plus proéminente et des membres plus allongés, mais avec la même maigreur et la même peau grisâtre luisante et dépourvue de poils (pour un loup-garou, c'est tout de même dommage). Je comprends que le département artistique ait voulu donner un aspect pouilleux au personnage, mais là c'est trop. Ce qui ne l'empêche néanmoins pas d'être effrayant.
Et enfin, c'est pour moi le film qui, notamment à cause de ces plans d'ambiance, mais aussi de cette seconde partie qui reprend des passages de la première, est le plus longuet. Non pas qu'il soit désagréable à regarder, mais il m'arrive régulièrement de bâiller lorsque commence cette course contre la montre avec Harry et Hermione.
Pourtant, HP3 n'est pas exempt de qualités. Je trouve ces plans interludes très beaux. L'ambiance pesante est bien rendue, agrémentée de passages plus légers (l'Epouvantard-Rogue ou le Magicobus) ou plus nostalgiques (les discussions Remus/Harry). Les acteurs les plus jeunes s'en sortent plutôt bien, même Daniel Radcliffe et Rupert Grint (les deux maillons faibles du trio de héros). La scène ajoutée où Rogue attrape Harry déambulant dans les couloirs est délicieuse (mais je n'ai aucune objectivité dès que le Maître des Potions apparaît). La photographie est belle de manière générale et j'aime beaucoup la musique de cet opus (notamment celle de l'envol de Buck).
Bref, un beau film qui traîne un peu les pieds, mais relativement plaisant à regarder (même pour ceux qui ont lu les livres).