Après avoir regrettablement détesté Harry Potter and the Philosopher Stone, j'ai mis des années à m'imposer de regarder The Prisoner of Azkaban. Mais, fervent admirateur d'Alfonso Cuarón depuis The Little Princess et surtout Children of Men, je me devais à moi-même de franchir le Rubicon.


Or un beau soir, il passe à la télé alors que j'ai rien d'autre de prévu. Hop-là ! Je m'installe et...
Gneeeeuh ?


Ok, je suis en aucune manière un spécialiste, l'Univers de la Magie dépeint par JK Rowling m'est même totalement exotique, mais c'est quoi cet Acte I en bois ?! Alors certes, le rythme est plus soutenu, mais à quel prix ? Des tonnes d'évènements se télescopent sans jamais prêter à conséquence...
Ta méchante tante ( interprétée par nulle autre que la Principale Trunchbull dans Matilda ! ) s'envole telle un Zeppelin-humain... Mhh pas grave, Harry. T'es à la rue et sans ressources ? Mmh pas grave, on t'envoie le Bus. Une menace secrète et mystérieuse plane sur toi ? Mmh pas grave, mets ta cape elfique et espionne des professeurs qui vont tout expliquer à une figurante sans importance, comme s'ils s'adressaient véritablement à toi de toute façon... Rien n'est grave, Harry.


Toute la première partie semble être posée là pour épaissir un mystère qui n'était pas franchement vital de cacher au jeune balafré...
Résultat... De tous les évènements dans l'année, un seul m'apparait comme important : le retour de Sirius Black et les révélations qui vont en découler. Tout le reste est trivial, sans impact, juste là pour meubler et/ou faire beau.


Faire beau, Cuarón sait le faire. L'image est léchée, il y a des plans séquences chers à son cœur, et la mise-en-scène de l'émerveillement est beaucoup moins appuyée que chez Columbus. Un parfait exemple est la scène de démonstration d'hippogriffe par Hagrid : les élèves sont impressionnés car l'animal est non seulement rare, mais aussi imposant. C'est pas de la magie-de-tous les jours, ça !


Mais malgré cela, le film échoue à me tenir éveillé. Littéralement.


Au terme de la scène - très sympathique - de la Cabane Hurlante avec ses "Experliarmus !" en pagaille, le vrai but de Sirius Black est révélé. Je me dis : "Ayé... J'ai survécu à l'acte I... Je vais pouvoir.. Maintenant.. Profit...ZzzzZZZzzzZZZz..." et là Tac ! Je me réveille : c'était le générique de fin !
J'ai du attendre un an, que le film repasse pour découvrir la fin.


Et... Pfft... La fin... Le niveau Zéro du récit-de-voyage-dans-le-temps. JK Rowling a opté pour un voyage dans le temps auto-cohérent, c'est à dire que quelles que soient les actions des voyageurs, leurs répercutions étaient "déjà" présentes "la première fois". Ce qui est excellent quand on a une bonne surprise à envoyer au spectateur... Un exemple parfait de cette méthode est Twelve Monkeys de Terry Gilliam, inspiré de La Jetée de Chris Marker.
Mais quand la démonstration de cet état de fait est répétée jusqu'à plus soif ( deux cailloux par la fenêtre, sauver Buckbeak, crier comme un loup au moment opportun... ) la révélation finale de Harry qui se sauve lui-même avec un parfait Patronus, est largement éventée, on n'en a plus rien à foutre !
Quand j'étais ado, je lisais avidement Les Conquérants de l'Impossible de Philippe Ebly, qui en matière de voyage dans le temps étaient beaucoup plus retors et créatifs...


Du coup j'ai fini le film avec l'amère constatation que rien ni personne ne saurait me faire aimer Harry Potter. J'ai mis des années à oser en essayer un autre...


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Appendice : un mot sur l'adaptation.


Les années ont passé, j'ai vu tous les épisodes et je les ai lus. Alors je maintiens ce que je dis sur le voyage dans le temps, mais tout le long du récit j'ai compris l'échec monumental du film.
En mettant l'accent sur Sirius Black, il court-circuite toute possibilité d'entrevoir que l'année ne tourne pas qu'autour de lui. Harry passe par des atermoiements et des états d'âme beaucoup plus importants que "est-ce qu'un psychopathe veut ma peau?"


Dans le livre, Sirius Black est un filigrane, une ombre lointaine qui reste tapie jusqu'à son intervention à la Cabane Hurlante où tout est révélé. Ça crée un récit beaucoup plus équilibré !
Même si le film est très beau et bien fabriqué je considère qu'il est passé totalement à côté de ce qui faisait la richesse du bouquin.


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Appendice 2 : un mot sur Flitwick.


Au début du film, le professeur Flitwick organise une petite chorale inspirée de Macbeth : "Something Wicked this way comes !" mais je me demande... Quand et comment les élèves ont-ils pu répéter ?!
C'est le premier jour de la rentrée, et Flitwick arrive : "Allez, les jeunes, en ligne ! Tois, Quatre... Double Double Toil and Trouble !" et les jeunes : "Ah merde, j'ai pas révisé... Fire burn and cauldron bubble..."


J'ai toujours trouvé ça amusant.

mikeopuvty
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le 12 déc. 2018

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Mike Öpuvty

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