Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère partie par AlexLoos
Harry Potter n'est pas qu'une simple série de films. A l'instar de la trilogie originale de Star Wars ou du Seigneur des anneaux, Harry Potter est avant tout la saga de toute une génération. Combien n'ont pas rêvé d'entrer à Poudlard, de faire du Quidditch, d'envoyer des expelliarmus ou même de rejoindre les côtés de Voldemort.
Partie de rien, J.K. Rowling a réussi à nous faire nous identifier aux personnages. On les a vus grandir, et au fil des années passées à Poudlard, on soufflait avec eux nos bougies. Et tel ses personnages ou ses lecteurs, Rowling a eu l'intelligence de faire mûrir son récit au fil des tomes, et non pas de rester dans un ton enfantin comme pour la plupart des sagas littéraires pour enfants le sont, métaphorant les épreuves que Harry, Ron et Hermione doivent affronter avec leur propre vie. Inutile de dire que de transposer cette évolution à l'écran n'est pas chose aisée
Car comme toute saga à succès, le sorcier à lunettes a eu le droit à son adaptation en bonne et dûe forme. Et pour commencer cette fresque de sept films (huit dans les faits, mais comme Retour vers le futur 2 et 3, les parties 1 et 2 ne font qu'un seul film), Chris Colombus a proposé à la saga un univers visuel irréprochable.
Alfonso Cuaron a offert le meilleur volet avec une histoire et une ambiance beaucoup plus sombre. Puis est arrivé Mike Newell, servant une coupe de feu médiocre et sans âme. Enfin, nous voilà avec David Yates, donnant à cette saga la maturité que le réalisateur de 4 Mariages et un Enterrement n'a pas su trouvé (oui, vous m'évoquerez le 3, mais de la maturité à 13 ans ça reste quand même un poil difficile). C'est également un nouveau tournant puisqu'il est aussi visuellement plus sombre, plus glauque et plus contemporain que les précédents. Visiblement satisfait de son boulot, la Warner le réembauche pour un sixième film bancal (la faute au scénario) tout en restant satisfaisant.
Mais tout à une fin, même Harry Potter. Et comme les fans le demandent depuis 10 ans, le 7ème film se voit être coupé en deux parties.
Harry Potter et les reliques de la mort (partie 1), est probablement la meilleur adaptation. David Yates a eu l'audace de faire des coupes pour une fois intelligentes dans le récit nous offrant quelque chose d'incroyable annonçant un final épique.
En réduisant les parties longues et ennuyantes des discussions interminables dans les tentes ou Square Grimmaud, l'histoire se focalise plus sur la psychologie du trio. Ainsi ils devront faire face à la menace que représente Voldemort. Et on ne nous ment pas avec la catchphrase du film « nowhere is safe » puisqu'on va les attaquer jusque dans un café de Londres. Mais Vous-savez-qui n'est pas la seule menace. Ils devront également faire face à eux-même. Leur voyage représente parfaitement cette évolution et ces tensions, accentuées par l'Horcruxe, révélant les pensées les plus enfouies de chacun. Harry, Ron et Hermione font également face aux choix de la vie d'adulte, et c'est probablement la force du récit.
Cette fuite constante n'aide en rien ces choix, et surtout, est sublimement bien rendue grâce aux décors et aux différents stades de tensions apportés au scénario, allant même parfois chercher du côté des films de genre. Pourtant, le film souffre des mêmes défauts que le livre, et malgré le travail apporté par Yates, il y a une certaine longueur et des répétitions. Mais tout est inévitable puisqu'il prépare son spectateur au chapitre final en mettant en place tous les éléments pour un huitième volet épique.
Pour éviter de tomber dans des explications longues et fastidieuses, les contes de Beedle le Bard sont là pour nous aider, avec une excellente mise en scène. Malheureusement, trop se focaliser sur les relations compliquées du trio entraîne un effacement des personnages secondaires, que ce soit Rogue, Hagrid ou Neville : ils n'ont que quelques minutes à l'écran. Mais ceci est inévitablement dû à la coupe du livre en deux, puisqu'on peut dire que la première partie des Reliques de la Mort (le livre) est assez ennuyante. Là, Yates a réussi à en faire quelque chose de plus dynamique, de plus intéressant, de surtout plus psychologique. Et donc par conséquent, c'est le plus adulte des films de la saga.
Les aficionados d'actions ne sont pas pour autant mis de côté. En effet, certaines scènes, dont une course poursuite dans les tunnels de Londres et un dernier quart d'heure où tout ne tient qu'à un fil, sont à tomber. Et même dans les parties les plus lentes, la tension et le danger sont très présents.
Toute la partie dans le ministère représente parfaitement cette phrase, et cela redonne une pulsion intéressante au récit puisque même dans l'endroit le plus sûr du monde, les forces du mal ont pris le dessus. On a également un point de vue différent où on peut voir le régime de Voldemort proche de la propagande russe durant la guerre froide voire même du nazisme, sans pour autant en faire trop.
La première partie s'ouvre et se finit sur une mort mais David ne fait jamais dans le mélo et reste très sobre. Avec une réalisation au poil, il continue sur sa lancée sombre, accentuée par la photo du film très léchée et son ton très noir.
Sombre, adulte, la première partie de Harry Potter et les reliques de la mort est une excellente introduction au chapitre final qui s'annonce plus que monstrueux. Jouant sur les couleurs et les relations entre les personnages, Yates livre non seulement son meilleur film mais aussi la meilleure adaptation du jeune sorcier.