Encore un biopic, genre ultra représenté de ces dernières années, souvent synonyme de sésame pour l'Oscar du meilleur acteur. Ce n'est pas Marion Cotillard, Julia Roberts, Nicole Kidman, Charlize Theron, Jamie Foxx, Philip Seymour Hoffman, Cate Blanchett, Reese Whiterspoon, Forrest Whitaker, Helen Mirren et ici Sean Penn qui diront le contraire. Et oui, cette liste faramineuse d'acteurs oscarisés ne concerne que les années 2000, la preuve que ce genre paye. C'est donc au tour de la vie d'Harvey Milk, premier politicien homosexuel élu aux Etats-Unis, d'être transposé à l'écran par Gus Van Sant.
A l'origine prévu pour Bryan Singer, ce film dépeint les 8 dernières années de la vie du député. Si vous ne connaissiez pas son histoire avant la sortie du film, c'est mon cas, les médias auront bien fait de vous spoiler la fin du film. Cependant no regrets, celui-ci expédie le suspense dès la 3ème minute.
Le long des 2h12, on suit donc l'ascension de cet homme comme les autres déterminé et entouré d'une communauté prête à manifester une reconnaissance méritée. Une brochette d'acteurs en mode "Ni vu, ni connu" est présente. De Josh Brolin à James Franco et Emile Hirsch munis de mèches, rouflaquettes et frisettes rendant leurs faciés méconnaissables. Ce qui ne les empêche pas d'être impeccables, un exploit pour Franco qui m'horripilait dans Spiderman en Harry Osbourne. A la bande-son, Danny Elfman dans un style aussi différent de son registre habituel. Pas de choeurs, de gling-gling et de youlala identifiable à la première écoute.
En réalité, le gros défaut de ce biopic est son énorme coup de mou sur la deuxième moitié. A l'image de The Wrestler, la première heure est passionante , enlevée et défile à toute vitesse. Mais il suffit que l'intrigue s'attarde sur une période pour tout de suite perdre en intérêt. Dommage de constater cela alors que la narration avait tendance à nous la jouer Speedy Gonzales en faisant défiler une année toutes les 10 minutes. En gros, on arrive en 77 au bout de 30 minutes et on stagne ensuite sur 2 ans pendant tout le reste du métrage. Il n'empêche que le film se reprend dans ses 20 dernières minutes.
Final qui en hallucinera plus d'un d'ailleurs vu la teneur du fait divers complètement... invraisemblable. La réalité dépasse parfois la fiction.
Enfin, on appréciera l'insertion d'images d'archives très bien intégrés au reste nous permettant de juger la qualité de la retranscription des faits et au final de mettre un vrai visage sur les personnages du film. Certains auront peut-être du mal devant les longues séquences de baisers, abusives dans les premières minutes mais qui heureusement se calmeront par la suite.
Très intéressant, Milk aurait gagné à moins condenser son intrigue dans les premières minutes pour éviter de la diluer dans sa deuxième moitié. En l'état, il tient tout de même la dragée haute pour un film du genre. Il restera toujours le débat pour l'Oscar du meilleur acteur. Sean Penn ou Mickey Rourke, les avis sont partagés. De toute manière, on s'en fout, le film est bon et c'est là l'essentiel.