Attention : cette critique comporte des spoilers.
Durant la quasi-totalité du film, on pense voir un film d'horreur classique : deux jeunes filles traquées par un tueur pervers et psychopathe, dont la seule issue sera la mort dudit tueur. Pitch classique, relativement bien tourné et prenant, malgré quelques scènes exagérées, le meurtre du père notamment. Le film se poursuit donc sans surprise, avec le final que l'on imaginait.
Mais arrive un twist totalement inattendu, qui remet en question toute l'intrigue. Cécile de France, malheureuse victime qui tente de sauver son amie des griffes du psychopathe, est en réalité une folle s'étant imaginée ce terrible personnage, et c'est elle-même qui assassine toutes ces personnes durant l'histoire, afin d'avoir son amie pour elle-seule. Ce final nous ramène au début du film : Cécile de France raconte un cauchemar à son amie, interprétée par Maïwenn, où elle se poursuit elle-même. Traduction : Aja nous donne les clés de l'intrigue directement, mais a le talent nécessaire pour faire en sorte que jamais on ne se doute que ce micro-événement ne soit si important pour la suite.
Certes, ce twist a cet inconvénient de nous laisser dans l'expectative concernant des événements du film: la scène initiale dans la camionnette n'a donc absolument pas existé? La course poursuite non plus? Difficile de démêler le vrai du faux mais ce n'est finalement pas si grave, car on est en fait dans l'esprit torturé et psychotique de Cécile de France.
Niveau casting, Cécile de France est une fois encore parfaite, et montre qu'elle est vraiment capable de tout jouer. Mention spéciale également à Philippe Mahon, le tueur né de l'esprit de Marie, qui est vraiment bluffant.
En conclusion, Alexandre Aja montrait déjà l'étendue de tout son talent en nous offrant un film avec bien plus de fond que l'on ne pourrait le penser initialement. Non, "Haute tension" n'est en fait pas un de ces films d'horreur vus et revus, les pauvres femmes apeurées et poursuivies par un tueur sanguinaire. Pour cela, et donc pour le twist final, chapeau monsieur Aja.
Moralité : l'amour fait des ravages, les films d'horreur également, le tueur s'avérant être celui du mythique "Massacre à la tronçonneuse" pour Marie. Un sympathique hommage pour un maître de l'horreur en tout cas.