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Au commencement, Hazbin Hôtel est un concept qui a pris vie sous le coup de crayon de Vivianne Medrano. C’est un projet de plusieurs années, au point que la créatrice a même de nombreux croquis de personnages comme Alastor et Angel Dust dans ses carnets d’études. Si en 2018 on a eu droit à un premier trailer chez nos voisins d’outre-mer, c’est en 2019 (puis en 2020 par chez nous) que l’on a eu droit à un épisode pilote de plus de 30 minutes introduisant Charlie, la fille de Lucifer, sa petite amie Vaggie et une panoplie de personnages très caractérisés comme le démon de la radio Alastor (notre maître à tous).
Et le lancement a été dingue sur le net, assez pour qu’un groupe de fan français propose un doublage amateur pourtant de vraie bonne qualité sur ce pilote (et aussi pour qu’il y ait une version japonaise doublée). Ça a été un événement viral auprès des fans d’animation, et il y a également eu dans la foulée un spin-off du nom de Helluva Boss se déroulant dans le même univers. Les fans ont continué à faire vivre Hazbin Hôtel dans l’attente d’une annonce pour la suite de la production, et l’attente sera régulièrement récompensé.
En août 2020, le studio A24 rachète la licence et la série va suivre un très sérieux processus de production auquel participe bien sûr la créatrice d’origine, toujours très impliquée sur son projet. Et en octobre 2021, un compte officiel sur twitter voit le jour. Et dés 2022, jusqu’à la sortie de la saison 1 il y a eu une présentation de personnage régulièrement sur le compte pour maintenir la hype et l’attention du public anglophone. En passant par une annonce officielle en octobre 2022 pour une diffusion officielle de la série en 2023, jusqu’à ce que finalement la date soit fixé au 19 janvier 2024 sur la plateforme streaming Amazon Prime.
Par chez nous, il y a eu un événement similaire sur twitter lors du mois de décembre et courant janvier pour maintenir la hype auprès d’une partie du public francophone : puisque la page twitter française Hazbin Hôtel s’est engagé à révéler un membre du casting français au doublage par jour sur une certaine période pour capter l’attention des voxophiles, avec beaucoup de nom qui parlera aux amateurs dans le domaine et qui sont très loin d’être des amateurs dans le domaine. Quand on sait que la première bande-annonce était sortie 3 mois plus tôt en septembre 2023, je me dis qu’il était temps qu’on ait du neuf sur le doublage personnellement et ça m’a enflammé bien comme il faut.
Quoiqu’il en soit, les derniers mois ont lancé comme il faut la promo pour que les fans s’enjaillent jusqu’à la diffusion récente : entre les vidéos promotionnelles, le casting américain annoncé, les spots tv, et une saison 2 déjà annoncée (cela me paraît un brin présomptueux d’annoncer une seconde saison de série avant que la première ait été diffusé, surtout si celle-ci se plante). Sans oublier un accès anticipé proposé pour les plus pressé afin de voir les 2 premiers épisodes en avant-première. Autant dire que la Hazbin Hôtel mania a été franchement lancé pour que la série soit un événement, ce qui fait extrêmement plaisir quand on sait qu’il aura fallu attendre 4 ans pour que ça s’officialise.
En ce qui me concerne, vous l’aurez remarqué, j’attendais très impatiemment et avec beaucoup d’enthousiasme cette série. J’ai trouvé le pilote excellent tant son potentiel était grand : malgré certaines séquences étouffantes en termes de découpage et des plans qui ne respiraient pas toujours comme il faut, il faut dire que son pitch de départ est aussi curieux que farfelu et que voir une (bonne) série pour adulte assumer sa grossièreté et ses sous-textes très olé olé sans complexe, c’est plus qu’honorable. Et je ne cache pas que j’ai eu un immense coup de cœur pour l’électron libre et intenable qu’est le fameux démon de la radio Alastor.
La première chose qui tape à l’œil dès l’épisode 1, c’est à quel point il y a eu un travail de peaufinage graphique remarquable par rapport au pilote qui, cela dit, bénéficiait déjà d’un rendu esthétique très impressionnant. Les couleurs, que ça soit en Enfer ou au Paradis, sont plus éclatantes et plus vivantes et dépeignent deux univers séparés très distinctif. La domination du rouge et des teintes sombres du mauve d’un côté avec ses variantes colorimétrique, et le doré ainsi que le blanc (avec leurs variantes) au paradis mais sans pour autant virer dans le criard. On remarque surtout qu’il y a un taf pour le rendu architectural, l’environnement et les éléments d’arrière-plan afin de renforcer grandement la distinction entre les deux mondes, sur ce plan Hazbin Hôtel est un beau modèle d’immersion.
La gestuelle des personnages à l’écran est, également, plus fluide et efface les légères saccades, les statismes et les limites que pouvaient imposer une durée de production plus longue et des moyens plus limités comme pour le pilote. Par rapport à d’autres séries d’animation pour adulte comme Rick et Morty, elle fait moins « mécanique » et se rapproche même, j’ai envie de dire, de divers travaux que l’on connait au sein des studios d’animation Disney… l’enchanteur et l’aspect enfantin en moins.
Au-delà de ça, j’apprécie tout spécialement que Vivienne Medrano et ses collaborateurs ne s’embarrassent jamais de jouer avec les noms bibliques malgré ce que les extrémistes religieux peuvent bien y répondre : que ça soit la vision d’Adam montré ici comme un énorme queutard misogyne et égocentrique, les origines de Lucifer nettement plus excentrique et dépeint comme un rêveur jugé à cause de ses idées, ou encore Lilith et Eve dont l’existence laisse planer un profond mystère quant à leurs liens avec Lucifer ou sa progéniture, Charlie.
Hazbin Hôtel a pour ambition de briser les frontières de blanc et de noir, et cela a déjà été affichée dès le pilote ou Charlie n’avait pas peur de se couvrir de ridicule face à une assemblée de spectateur et de téléspectateur quand elle présentait son Hôtel Hazbin (appelé à ce moment-là « Happy Hôtel »). L’idée d’une âme qui se rachète après une vie à faire les mauvais choix, ou qu’une âme est capable de se pervertir même après une existence charitable, le tout transposé avec des origines bibliques avec lesquelles les créateurs construisent une mythologie apparente et s’amusent avec leurs idées : c’est un concept génial, vraiment tripant même.
Surtout quand on sait que l’idée même d’une purge prétendument organisée pour « limiter la surpopulation » relève du non-sens pour les anges. Eux qui sont censé être des êtres de lumières et des modèles de puretés dans la bible, mais sont montrés ici comme, au mieux : simplement ignorant comme Emily (qui pourrait être un équivalent à Charlie au paradis quand la saison 2 sortira), ou au pire complice et jugeant l’acte comme un mal nécessaire et c’est le cas, par exemple, de Sera qui est une des plus hautes autorités du Paradis. Et dont un plan précis en dit long, je trouve, sur sa perversion au sujet de la purge et de ses secrets.
D’ailleurs, il est temps d’aborder ces personnages puisque ça a été l’un des points d’accroche les plus appétissant pour les fans en 2019 et 2020 (et autour de qui on a eu une multitude de clip et d’histoire autour d’eux). Et on ne peut pas dire qu’ils aient perdu en saveur puisqu’à notre plus grand bonheur, certains d’entre eux voient leurs facettes très efficacement approfondis afin de donner un sens et surtout une réelle utilité à cet hôtel ô combien excentrique.
Charlie Morningstar, grosso inferno : c’est une princesse Disney aux enfers dont la nunucherie apparente est souvent source de comique prompt à faire sourire. Mais ses convictions sont plus que sincères, ainsi que son amour pour son peuple aussi imparfait et pêcheur soit-il (comprenant cannibales et studio porno ou vont tous les crados) et ses sentiments pour Vaggie dont la chimie et le soutien aident beaucoup à rendre la démarche de Charlie sincère. Quand on se doute à quel point Vaggie est nettement plus cartésienne quant aux chances de l’hôtel, ce qui ne l’empêche pas d’être investie pour sa chérie quitte à tenir tête au démon de la radio, Alastor, pour les besoins du projet.
Cela dit la série atteint vraiment son meilleur dans deux cas : la première, quand il aborde le mal-être de ses personnages et les questionnent sur eux-mêmes. A l’image de Vaggie, quand ses véritables origines sont révélées à l’épisode 6 et qu’elle et Charlie doivent s’interroger sur leur relation.
Mais surtout, Angel Dust, dont l’image vire du tout au tout à l’épisode 4. Et qui passe de simple provocateur à l’égo déplacé à une âme perdue et sans repère dont une énorme faute de vie l’a profondément brisée et contraint de se réfugier dans la seule chose qui lui permettent d’échapper à ses démons.
Dans le second cas, ce sont les électrons incontrôlables capable de passer du tout au tout si on a le malheur de les emmerder sur les sujets à éviter. Adam est de ceux-là en plus d’être l’incarnation du paradoxe absolue des concepts d’Enfer et de Paradis : présenté comme le premier homme, rien dans sa personnalité ne laisse imaginer un seul instant qu’il a sa place au Paradis. Vulgaire, misogyne, orgueilleux, pervers, cumulant la plupart des péchés capitaux par son attitude et dont le masque qu’il fait porter aux anges exorcistes est à l’image de l’évidente imposture qu’il incarne (au point que, lui-même, est embarrassé lorsqu’on l’interroge sur comment il est parvenu au Paradis ou quand on l’interroge sur le moyen d’y accéder). Et si on y ajoute une touche d’Emmanuel Curtil à la VF, c’est un connard dans toute sa splendeur qu’on prend plaisir à haïr.
Quant à l’autre électron, vous le voyez surement venir, je parle bien sûr du démon de la radio : Alastor. Bien guindé, courtois mais sadique, showman indiscutable, haï par ses plus puissants confrères comme Vox le démon de la télé, avec un sens moral qui détonne en Enfer (toute proportion gardée hein ?), et d’un narcissisme évident, la saison 1 et le pilote font l’excellent choix de ne jamais trop en dire à son sujet. Mais donnent suffisamment d’élément pour en faire une bombe à retardement sur qui l’emprise semble quasi impossible (ou presque).
Et des personnages victime ou témoin comme Husk (qui a eu la bêtise de parier son âme face à Alastor) ou Mimzy (un des rares démons à ne pas le craindre et le côtoyer librement) sont des preuves suffisantes de la dangerosité du personnage qui, espérons le, aura un impact mémorable le moment venu.
Beaucoup d’éléments mis en place et énormément de promesses pour une saison 2, en plus d’avoir ses moments forts aussi bien sur le papier que dans l’exécution et la narration (dont une dernière sur laquelle je compte bien m’attarder). Seul problème, après le huitième épisode, j’avais comme un petit malaise et un sentiment de manque plus désagréable que la normale. Et ça n’a pas été compliqué de comprendre pourquoi : Hazbin Hôtel ne fait que 8 épisodes et si il ne souffre pas de problème de rythme sur ces 8 épisodes, sa première saison est bien trop condensé par rapport à toutes les attentes formulés sur 4 ans d’attente.
Soyons honnête, quand tu démarres une nouvelle série avec un lore et des nombreux éléments d’intrigue comme une relecture des légendes bibliques autour de Lucifer, Lilith, Eve et Adam, des cas sociaux comme Angel ou Husk, un démon énigmatique comme Alastor, des anges comme Sera dont l’implication dans la Purge soulève diverses questions, un équivalent angélique à Charlie comme le personnage d’Emily, la figure ancestrale de Zestial qui a sympathisé avec Alastor, Camilla Carmine et son homicide contre un ange à l’origine de la décision d’Adam de raccourcir la purge, y’a tellement d’élément ajouter que ça devient très complexe de développer en long et en large en 8 épisodes…
Et soyons honnête, on ne prend pas souvent assez de temps pour s’attarder sur chacun d’eux ou sur le système en place dans les deux mondes pour être en pleine expérience immersive.
On aurait aimé, par exemple :
voire d’autres démons supérieurs (en dehors de Vox) avoir une rancune personnelle contre Alastor pour des raisons variées. On aurait aimé pouvoir s’attarder davantage sur la rédemption de Sir Pentious et les leçons sur soi prodigué par Vaggie et Charlie au lieu de se contenter de l’essentiel (et principalement du comique). On aurait aimé voir les répercussions chez Emily et Sera après le scandale devant l’assemblée des anges à l’épisode 6, ou même voir Emily agir. Et même en apprendre plus sur le quartier cannibale, ou la déchéance d’Angel Dust que lui aura provoqué sa relation professionnelle avec Valentino. Voire un combat un peu plus long entre Alastor et Adam quand on voit l’extase qu’a suscité leur joute verbale auprès de certains fans.
Sauf qu’en 8 épisodes, Hazbin Hôtel n’a pas d’autres choix qu’aller à l’essentiel et ça se ressent. Et je ne trouve pas cela normal : dans une série comme Wakfu ou on a eu 2 saisons de 25 épisodes avec quelques épisodes d’errement, ça peut se comprendre qu’à la saison 3 on veille faire quelque chose de plus condensé et direct. Mais il y avait un lore suffisamment développé derrière et des personnages qu’on connaissait depuis longtemps. Dans l’animé Fruits Basket de 2019, la saison 3 avait été condensé également pour se focaliser sur l’essentiel avec la relation entre Kyô et Tohru ainsi que le brisement de la malédiction des Sômas et éviter les sous-intrigues un peu plate de la saison 2. Même si ça donnait l’impression de négliger divers points de conclusion en fin de saison, le choix était largement compréhensible.
Là, par contre, Amazon Prime et Vivienne Medrano (si elle est complice de ce choix) n’ont pas d’excuse et personnellement j’aurais rajouté au moins 4 épisodes pour que le final ait l’impact complet qu’il désirait avoir. Hazbin Hôtel doit être bien plus qu’un très agréable apéro dinatoire en tant que série, un apéro dinatoire avec des hors d’œuvre avec les chansons mais on en revient au même. Cela dit, si j’ai tant d’estime pour Hazbin Hôtel et si j’ai été aussi investi sur 8 épisodes malgré ce manque, c’est justement grâce à un dernier point sur lequel je ne suis pas encore revenu : les chansons et surtout l’esprit comédie musicale façon Disney/Broadway qui constitue une grande partie de l’âme de cette création.
Si le pilote de 2019/2020 avait déjà proposé un avant-goût plus qu’attrayant du talent musical de la licence, la série de cette année 2024 gagne en qualité aussi bien dans la mise en image des séquences chantées que dans la qualité des chansons. C’est simple, elles font pratiquement tous ce que chaque chanson de bonne comédie musicale est censée faire : accompagner la narration ou être la narration, en dire le plus possible sur l’état d’esprit des personnages au chant, et surtout faire avancer une ou des intrigues dans le bon sens tout en poussant l’attention des spectateurs.
Ces chansons, on les doit à Sam Haft, producteur musical sur Hazbin Hôtel et Helluva Boss (qui se déroule dans le même univers), et Andrew Underberg un arrangeur musical qui a co-écrit ces morceaux. En plus d’être très solidement écrite en matière de parole et d’instrumentation, toutes ou presque bénéficient d’une mise en image folle et ultra-dynamisante qui font la grande force narrative d’Hazbin Hôtel et aident souvent à oublier l’aspect condensé de cette saison 1 tant elles jouissent d’une diversité musicale extrêmement jubilatoire. On a du rock vénère avec Adam, une chanson de bataille comique façon Mary Poppins avec Charlie à l’épisode 7, un numéro d’introspection à la Broadway avec Husk et Angel à l’épisode 4 ou encore une chanson chorale dramatique à l’épisode 6 avec « You didn’t know ? ».
Et si en plus de cela on rajoute des interprètes exceptionnelles en VO et en VF, alors on a ni plus ni moins qu’un ensemble salade tomate oignon et fromage dans un hamburger musical des plus fondants pour les tympans. Car oui, il y a une VF officielle et la responsable de la direction au doublage n’est nulle autre que la très talentueuse et impliquée Fouzia Youssef-Holland à qui l’on doit déjà les excellentes VF d’animés comme Vinland Saga (version Netflix) et de Kaguya-Sama Love is War. Sans oublier Anaïs Delva qui campe aussi bien le rôle de l’héroïne que celle d’adaptatrice et directrice musicale.
Très bon choix, à mon sens, que d’avoir choisi Anaïs Delva pour doubler Charlie, la comédienne ayant déjà l’expérience d’Elsa dans La Reine des Neiges et ayant par la suite tracé son parcours dans l’art du doublage sur plusieurs supports. Et mon avis, elle n’a pas à rougir tant que ça face à Erika Henningsen sur le plan de la performance musicale, les deux ont leur propre jeu à apporter au personnage. Sans compter qu’elle peut faire avec le concours d’Audrey Sourdive sur Vaggie, moins enclin au chant sur la VF certes (la voix américaine Stephanie Beatriz est plus à son aise) mais son timbre vocal et sa performance sont en parfaite alchimie avec la petite amie de Charlie.
Youssef-Holland a aussi choisie d’accorder sa confiance à certains comédiens « amateur » qui avaient doublé dans le pilote de Hazbin Hôtel. Ce qui fait que l’on retrouve Maëva Trioux « la briochée » sur Angel Dust et la direction de Youssef-Holland permet à cette dernière d’être plus en symbiose avec la travestie et même plus juste vocalement. Ainsi qu’Arno Capostagno sur sir Pentious, lui aussi plus aisé grâce à la direction de la directrice artistique du doublage. Ou encore Mathildes Carmes, que vous avez peut-être déjà découvert sur Faputa dans la saison 2 de Made in Abyss ou sur Nurugai dans Hell’s Paradise.
Et à côté, on a des stars du doublage français complètement fou ici et là : Arnaud Léonard sur Vox que l’on connait surtout sur Brook (One Piece) et Pégasus (Yu-Gi-Oh) ainsi qu’Ardyn Izunia (Final Fantasy XV), Pierre Tissier sur ce bel enfoiré de Valentino, Maxime Hoareau absolument génial sur Alastor, Kelly Marot sur Lute qui a droit à la plus grossière injure de la série, Barbara Beretta et Daniel Lobé sur des rôles tertiaires le temps d’un épisodes, Pascal Nowak sur Lucifer ou encore et surtout Emmanuel Curtil qui jure comme un charretier qui se serait cogné le p’tit doigt de pied contre le coin de la porte à travers Adam. Autant dire que quand 2 de ces personnages interagit ou que l’un est dans un bon moment, c’est un véritable nectar sonore.
On peut aussi honorer Anaïs Delva pour son travail en tant que directrice musicale et adaptatrice. On aurait pu imaginer qu’après son passage chez Disney, il y aurait eu une édulcoration des chansons mais il n’en est rien. Après je ne vais pas mentir, mon expérience avec la VO se limite aux chansons et sur ce point là, difficile pour moi de décider qui l’emporte sur l’autre : mon affection pour les comédiens en VF jouent beaucoup mais il y a des imperfections évidentes dans la version française. Tout d’abord des choix sonores discutable comme la voix traficotée de Pascal Nowak qui ne joue pas en sa faveur. Des ambiances musicaux pas mauvaises ni mal fait mais qui manquent de panache par rapport à la VO (notamment sur « Ready for this » clairement en dessous quand les habitants du faubourg cannibale poussent la chansonnette). Et il y a des comparaisons inévitables en matière de fluidité de texte (encore que ça n’est pas le point qui me gêne le plus, j’ai eu infiniment plus de souci avec Wish pour sa VF calamiteuse sur ce plan là) et dans les choix de traductions.
Cela dit, pour les interprètes, on n’a que l’embarras du choix. Que ça soit Keith David sur Husk qui fait une très bonne alternative à Jean-Michel Vaubien, Amir Talai qui se partage la chandelle avec Maxime Hoareau sur le démon de la radio, ou bien le groupe de cannibale à l’épisode 7 prêt à pousser la chansonnette aux côtés de Charlie pour peu qu’il y ait un peu de bonne chair à grailler. Je le dis haut et fort : c’est Walt Disney Animation Studio si les films avaient été à destination du public adulte, et je vais pas m’en plaindre (après, je laisse la liberté à ceux qui ont vu les épisodes entier en VO et en VF apporter plus de détails).
Autrement, sur le plan de la vulgarité, la VF m’est apparu clairement plus inspirée que la VO : cette dernière tournant régulièrement autour des mots « Fuck », « Shit » ou encore « Damn it », les traducteurs se sont fait plaisir en matière de langage irrévérencieux et extrêmement épicé. Heureusement ça n’est pas vulgaire à l’excès (comme parfois ça a pu l’être avec Jojo’s Bizarre Adventure ou, dans une mesure plus extrême, les téléfilms Futurama) et y’en a bon nombre qui sont hilarant à entendre (« face de zboub », « tête de prépuce », « ouais ça claque sa chatte hein ? ») et certaines joutes verbales sont juste croustillants à en mourir… mais y’en a peut-être un ou deux dont on aurait voulu se passer.
Hazbin Hôtel donc : c’était l’événement attendu de ce début d’année 2024 sur le petit écran, et même si on peut clairement regretter qu’Amazon Prime et A24 n’aient pas voulu accorder une durée plus conséquente à cette première saison, il y a amplement de quoi ressortir très satisfait. Et au vu de la communauté internet qui s’est constitué depuis 4 ans maintenant, je doute (grand Dieu merci) que l’événement se tarisse si vite, surtout en sachant qu’il a les armes et les réserves nécessaire pour quelque chose d’un peu plus long et surtout, totalement aboutie cette fois-ci.
Je ne demande que 3 choses personnellement pour qu’une saison 2 soit plus longue : d’abord au moins 4 épisodes en plus pour davantage creuser les sous-intrigues et les rapports des personnages, et surtout mieux exploiter les deux mondes. Deuxièmement, que la même équipe soit conservé que ça soit en matière de doublage, d’animation ou de création, sans qui tout cela n’aurait surement pas vu le jour à force de patience et de passion. Et troisièmement… je veux plus d’Emily la séraphin pour la saison 2, surtout après le cliffhanger de cette saison 1. Rien qu’avec cela, Hazbin Hôtel passera d’apéro dinatoire croustillant à véritable plat du chef. Les fans sont déjà nombreux, on peut aller plus loin, j’en suis sûr.