Nouveau film des Mo Brothers, cinéastes indonésiens qui se sont faits une jolie réputation au fil des ans, Headshot est le film qui fait trembler les festivals grâce à sa folle promesse de venir se battre sur le terrain des The Raid. Reprenant quelques acteurs de The Raid 2 de Gareth Evans, dont Iko Uwais l'acteur principal, le film s'assure déjà d'être chorégraphié à la perfection et d'être un grand shot d'adrénaline. Mais le long métrage s'avère être plus scénarisé que les précédents films où a été impliqué Iko Uwais et apparaît comme celui qui va venir tester les limites de la star, qui devra prouver qu'il vaut autre chose que d'être un formidable distributeur de bourre-pifs. Les attentes pour ce Headshot sont donc assez élevées surtout dans le contexte d'un cinéma indonésien en perte de vitesse quant au genre horrifique, ce qui a pendant longtemps été ce qu'il gérait le mieux, et qui se doit de trouver une nouvelle vie dans le cinéma d'action.


Les productions indonésiennes trouvent alors en Iko Uwais le sauveur idéal. Celui capable de venir détrôner toute concurrence en terme de films d'action, notamment face aux américains. L'acteur faisant lui-même les chorégraphies des films et ses cascades, il va plus loin que tout ce que l'on peut voir dans le genre en termes d'énergie, de brutalité et de maîtrise. Ici, encore plus que dans les The Raid, il assoie son statut d’icône naissante et s'impose comme celui qui se rapproche le plus de la succession de Bruce Lee dans les long métrages d'art martiaux. Faisant preuve d'un charisme renversant, l'acteur est un véritable félin, tantôt animal blessé, tantôt machine à tuer implacable. Cependant, même s'il est admirable dans l'action, il faut reconnaître que ce n'est pas nécessairement le cas dans l'émotion. En raison du scénario, l'acteur à beaucoup plus à jouer ici et même s'il se montre correct la plupart du temps, il peine à convaincre lorsqu'il doit être davantage dans un registre à fleur de peau. C'est un reproche qui peut globalement s'étendre à tout le casting, les acteurs n'étant pas aussi efficace en dehors de leurs scènes musclées, beaucoup tombant dans le surjeu et l'approximation. Mais le problème reste assez mineur car le film a l'intelligence de faire avancer ses personnages au sein de l'action, tirant le meilleur de ses acteurs lors des scènes cruciales. Les moments intimistes étant suffisamment restreints pour ne pas envahir le récit même si le début de la romance entre le héros et son infirmière est quelque peu niaise et que la conclusion joue beaucoup trop la carte du cliché. Le scénario tombe d'ailleurs assez souvent dans les stéréotypes et se montre très classique et prévisible dans son déroulé, suivant la trame déjà-vue de l'homme amnésique qui doit affronter son passé. Même s'il est plus développé que la moyenne du genre sans être franchement mémorable, le récit ne vient pas handicaper l'efficacité renversante de l'oeuvre et son énergie. On regrettera cependant que certains personnages ne soient là que pour l'action, comme pour celui de Julie Estelle qui a du mal à justifier sa présence et que l'écriture tente de le faire avec maladresse.


Les Mo Brothers ont aussi l'intelligence de rythmer leur film comme un jeu vidéo. Alors que pour la plupart des films cela semblerait péjoratif, ici cela permet aux scènes intimistes de venir s'inscrire entre les scènes d'actions comme des cinématiques entre les phases de gameplay. Le rythme n'en est que plus aéré et évite les longueurs qu'a pu avoir un The Raid 2 par exemple, qui développait tout son scénario au début pour ne plus être qu'un enchaînement d'action à la fin. Le montage manque par moments de fluidité en raison de cela, il jongle entre les personnages et les flashbacks de manière trop abrupte surtout que les scènes avec l'antagoniste du film ne sont pas les plus intéressantes et réussies. Par contre, une fois que les cinéastes se plongent dans l'action, ils y restent au cœur et font preuve d'une virtuosité sans pareille. La mise en scène percutante fait totalement corps avec les mouvements des personnages et décide de ne pas laisser de distance entre le spectateur et l'action. On est totalement immergé dans les séquences de baston au point d'en être essoufflé. La scène la plus impressionnante étant probablement celle se situant dans un commissariat et qui est clairement le coup de grâce du film. Même si ici on n'aura pas une séquence de l'intensité du final de The Raid 2, on reste dans des scènes de combats bien supérieures à toute concurrence. On en sort épuisé et avec la mâchoire décrochée


Headshot est un film survitaminé et jouissif, qui, sans pour autant détrôner le diptyque The Raid, arrive a s'imposer comme un très sérieux concurrent. Il le surpasse même sur son rythme et sa façon plus percutante de s'engager dans les combats par sa mise en scène, même s'il dispose d'un scénario plus plan-plan, d'un casting qui montre davantage ses limites et une ambition bien plus restreinte. Mais il n'y a clairement pas de quoi bouder son plaisir face à un film d'action qui vient tenir la dragée haute à la concurrence et qui assoit définitivement l'icône du cinéma d'art martiaux qu'est Iko Uwais. En tout cas, il ne fait aucun doute que les productions indonésiennes devraient vraiment exploser en ce qui concerne les films de combats avec un public de plus en plus demandeur de ses purs moments de folies, le film ayant fait l'unanimité à l’Étrange Festival.


Ma critique sur le site cineseries-mag.fr

Frédéric_Perrinot
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le 15 sept. 2016

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