Mein bester Freund vaut moins pour sa qualité cinématographique, quasi nulle quoique sa mise en scène demeure fluide, que pour le portrait de l’idéal « démocratique » ici brossé, en adéquation avec l’idéologie défendue par la RDA. Qu’il s’agisse de l’éloge de la famille recomposée après égarements – les parents séparés se réunifient à terme, portés par leur fils aimant qui pousse la chansonnette à l’arrière de la voiture –, de l’hymne à la persévérance et au service ou des nombreuses irruptions des chœurs de l’armée rouge en représentation en Allemagne, tout est subordonné à la gloire des valeurs du régime alors en place.
Dès lors, ce récit d’apprentissage vaut moins pour le jeune chanteur que pour les adultes qu’il rencontre : il est une allégorie de la jeunesse fidèle et honnête, porteur de ses vêtements simples mais rigoureux, voix offerte aux situations qui demeurent d’ordinaire silencieuses, à l’instar de l’injustice que subit un pauvre artiste de rue. Les choix de cadrage Heintje pendant qu’il chante ont cette même façon de fédérer son entourage direct et indirect (le spectateur) que nous retrouvions, à l’identique ou presque, dans le cinéma de propagande soviétique et nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Voilà donc une production dont l’intérêt se situe dans l’entrelacs de l’esthétique et de l’idéologique. Ou comment le cinéma d’exploitation populaire est utilisé pour rassembler un peuple dans des valeurs qui le définissent et le structurent. L’occasion également de (re)découvrir le répertoire musical du jeune et talentueux Heintje.