Hellion
6.4
Hellion

Film de Kat Candler (2014)

Premier film de Kat Candler qui adapte ici son court métrage en long et qui permet à Aaron Paul de faire un peu de chemin dans le cinéma indépendant. Celui-ci veut vraiment ce tailler une carrière polyvalente et être sur de son succès car après la comédie dramatique et le blockbuster d'action et avant le péplum mythologique voilà qu'il s'attaque au drame intimiste qu'il a lui-même produit.
Le film prend place au sein d'une cellule familial en pleine dégénérescence suite au décès de la mère, le père alcoolique décide de se refermer sur lui et livrer ses fils à eux-mêmes avec l’aîné qui tombe dans la délinquance et qui entraîne son jeune frère sur la pente glissante. En somme du classique, c'est comme cela que l'on peut résumer le scénario d'Hellion, une histoire classique qui à été conter maintes fois et qui parfois peine à ce renouveler et use même de quelques clichés et facilités scénaristiques. Mais malgré tout Candler donne à son film une authenticité et un réalisme rare car généralement ce genre de film mène à un résultat bienveillant sur la rédemption et sur la reconnexion familial, dans une certaine mesure ce sera le cas ici mais le film ne distillera que très peu de lueurs d'espoirs et accouche d'un message très nihiliste ce qui fait dans une certaine mesure la force du récit. Car le film est transposé dans une ambiance de southern gothic, un genre que j'affection beaucoup et je n'ai pas été surpris de voir Jeff Nichols à la production, lui qui est un peu le nouveau maître de ce genre. On à donc l'exposition d'une famille redneck avec certes tout les poncifs qui va avec mais il traite néanmoins plutôt bien ses personnages et évite tout manichéisme. Le sentiment d'injustice est parfaitement palpable et il est très facile de s'attacher aux personnages et souhaiter un meilleur avenir pour eux, notamment pour ce père à la dérive qui ne fera que subir les actions des autres et qui sera dépassé par les événements devant faire face aux irresponsabilités de son fils et aux coups bas de sa belle-sœur. D'ailleurs il est intéressant de voir comment le film ne prend pas parti, il ne juge pas, il se contente juste de témoigner car chacun des personnages ont des raisons louables de faire ce qu'ils font, le père est un père jeune qui à beaucoup trop souffert et qui ne sait plus comment il doit réagir, ce n'est qu'un homme noyé dans son chagrin mais qui aime profondément ses fils et la tante ne souhaite que protégé son plus jeune neveu de l'influence néfaste de sa famille. Seul le fils aîné aura parfois tendance à être réellement agaçant car il ne peut s'empêcher de reproduire les mêmes erreurs encore et encore et son comportement ingrat envers tout le monde rend l'attachement à ce personnage assez difficile ( j'avais même parfois envie de le baffer ), ce qui est dommage car Candler essaye de nous le présenter comme le héros du film mais celui-ci n'a quasiment aucune évolution psychologique, il restera presque le même du début à la fin ( son évolution arrive bien trop tard dans le récit pour vraiment si attacher et lui donner de l'importance ). De plus Candler tombe dans les erreurs de débutant, elle veut trop en mettre pour son premier film, ce qu'il fait que celui-ci deviendra lourd parfois et partira dans ses sous intrigues inutile qui culmineront dans un climax qui sort de nulle part et qui est totalement ridicule.
Sinon le casting est irréprochable que ce soit les enfants ou les adultes, ils sont tous excellents notamment Aaron Paul qui livre une performance bien différente de celle dont il a l'habitude, ce qui lui permet de s'émanciper totalement du personnage de Jesse Pinkman surtout qu'ici il est d'une gravité et d'une justesse incroyable qui prouve, si c'était nécessaire de le prouver, que c'est un grand acteur. Mention spéciale pour une Juliette Lewis excellente même si peu présente à mon goût et du jeune Josh Wiggins qui est très bon même si son jeu est très proche de Ty Sheridan ( acteur phare du southern gothic ) et qu'il n'évite donc pas la comparaison. Il s'en sort néanmoins à merveille et j'ai aussi été bluffé par ça ressemblance frappante avec Matt Damon, ça n'a aucun impact sur son jeu mais ce petit détail méritait à mon avis d'être souligné.
Pour ce qui est de la réalisation on est aussi dans du classique, la photographie est très belle mais elle se fait plutôt discrète tandis que la bande son très métal est un plaisir pour les oreilles même si la caractérisation des personnages en prend un coup car oui les gens excités et instables écoute tous du métal... J'ai trouvé ce procédé un peu petit et totalement faux. Sinon la mise en scène est proche de l'académisme, aucune prise de risque, c'est certes maîtrisé e bien fait mais dans le genre on a déjà fait plus inventif et plus efficace malgré qu'elle connaisse ici quelques fulgurances ( un vélo poursuivi par une voiture filmé en contrechamps ce qui donne un aspect presque onirique à la scène ). Car ici l'ensemble est un peu froid et peine à créer la touche émotionnelle de ce genre de film, celle-ci viendra uniquement des comédiens qui se donnent à fond pour leurs rôles. En plus la mise en scène passera parfois totalement à coté des effets qu'elle veut provoqué comme pour le climax assez pauvre qui est maladroitement mis en scène et qui peine à créer une quelconque tension, l'ensemble tournant vite au ridicule et une envie d'en mettre trop pour faire dans l'épate.
En conclusion Hellion est un film sympathique grâce à un excellent casting et d'un propos fort, brutal et touchant mais qui peine à être plus que ça faute à une caractérisation des personnages parfois grossières, des erreurs de scénario qui use trop de surplus, de clichés et parfois de facilités ainsi que d'une mise en scène maîtrisé mais pas toujours au niveau, elle jongle constamment entre les maladresses et les fulgurances et est finalement assez inégal. Mais on passe quand même un bon moment devant ce film qui expose une dure réalité en évitant le pathos et le manichéisme et il serait dommage de passer à coté de ce film qui propose des choses intéressantes pour un premier essai.

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le 13 sept. 2014

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Flaw 70

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