Pour son premier long métrage, le réalisateur grec Nikos Labôt brosse le portrait d’une mère courage avec un rouleau en guise de pinceau et la bichromie en lieu et place de palette de couleurs : le misérabilisme avec lequel il retranscrit le quotidien de Panayota, puisque le mari chômeur passe son temps à la dénigrer en trouvant la cuisson du coq insuffisante ou son léger retard du centr commercial intolérable, que ses enfants dysfonctionnent au sein d’un cadre scolaire incapable de les intégrer, que la vie coûte cher, « plus moyen de s’acheter des chewing-gums avec un billet de cinquante euros », n’a d’égal que le manichéisme d’un milieu professionnel où seules comptent les bonnes copines. Le film ne dispose d’aucun regard, d’aucune ambition esthétique à même de renouveler notre connaissance de la précarité des milieux défavorisés : nous déplorons par exemple l’absence de fantaisie, là où Costa-Gavras avait su relire les relations conflictuelles entre l’Union européenne et la Grèce par le prisme de la tragédie antique dans Adults in the room (2018), là où Paola Cortellesi composait cette année une chronique magnifique de la révolte d’une ménagère déterminée à changer sa vie et celle de ses filles non par une fuite, mais depuis l’intérieur de son foyer (C’è ancora domani, 2024). Manquent ici ou la véracité de la forme documentaire ou l’inventivité de la fiction pure.