Mon premier Ozu est vraiment une belle merveille. Je connaissais quelque peu sa réputation, et du coup je m’attendais à voir le quotidien filmé avec justesse, un peu comme chez Pialat, mais je pense qu’Ozu est beaucoup moins dur et violent que Pialat (c’est pas un défaut), en tous cas pas moins tendre.

Ce film c’est vraiment une petite tranche de vie toute conne, autour d’un village japonais et d’une troupe de théâtre Kabuki qui montent une pièce vouée à l’échec. Et pourtant c’est magnifique. Ces personnages sont très beaux car ils sont vrais, on croit à leurs personnages. Le film tourne aussi autour d’un drame familial, de secrets de familles qui ne sont pas cachés d’une manière lourde ou appuyée, il n’y aucune musique lourdingue dans la bande son, juste souvent le léger bruit du vent. Le tout sublimé par la mise en scène d’Ozu qui est extrêmement simple mais précise, et je dirais que c’est un modèle à suivre. Plus la mise en scène est simple et s’efface, plus on pourra apprécier l’histoire et les personnages. C’est bien mieux qu’un truc tape-à-l’œil qui essaye de faire arty mais qui ne parvient qu’à agacer.

Ozu sait lui aussi très bien filmer les femmes, et la romance qui se crée vers le milieu du film est vraiment belle, bien qu’assez brève, et faisant intervenir un personnage féminin presque absent du film jusqu’alors, et pourtant il arrive à faire fonctionner ça. Mais ce que j’ai préféré dans le film, c’est la fin, la dernière demi-heure, juste magnifique, et qui conclue très bien le morceau de vie que constitue le film, comme si on avait la fin d’un cycle. J’aime beaucoup la scène où tous les membres de la troupe se réunissent auprès du maître et se disent adieu, expliquent aux autres ce qu’ils vont faire, où ils vont aller. Avec toujours cette mise en scène d’une grande sobriété. Et comme si ça ne suffisait pas, la scène finale est merveilleuse, c’est à la fois une fin et un renouveau, une réconciliation. La dernière image du train s’enfonçant dans la nuit, avec deux lumières rouges comme des yeux est vraiment belle. J’adore la façon qu’a Ozu de raconter et montrer le quotidien, c’est un cinéma qui me parle et m’émeut.

C’est vraiment une petite claque, et alors que ses films ressortent en ce moment, il est plus que temps que je penche plus sur lui (sans allusion aucune).
Vaanille
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le 11 juin 2014

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Vaanille

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