La critique qui va suivre est typiquement le genre de défense cinéphile qui me vaudra d'une part les incompréhensions et d'autre part un fort taux de sarcasmes, de condescendance voire de mépris. Or il y a très peu de chose à voir ici avec ma petite personne : oui, c'est cinématographiquement plat, pas très inspiré... mais j'y vois autre chose. Et s'il existe un objectif dans notre cinéphilie, c'est justement qu'elle nous emmène autre part devant des histoires complètes, peu importe la forme que prennent ces histoires (évidemment, c'est toujours un plus, un confort, une lucidité lorsque la forme est belle mais ce n'est pas l'essentiel à mon sens). Il me reste donc à me questionner sur le sens de cette autre chose que Héroïnes m'emmène ? Vers quelles contrées ?

Ce film de Krawczyk (un réalisateur très particulier dans sa conception de la décadence artistique) mérite un petit détour pour sa fraîcheur et ses bonnes petites chansons.

Je ne suis pas fleur bleu pour deux sous mais faut avouer que la cruche est bien remplie. Le tandem Roth-Ledoyen fait un joli bouquet de choc, suffisamment cohérent et grossier, entre amitié et rivalité, entre celle qui parle aussi cash qu'une pub les cuisses ouvertes, qui se fait maquer, qui se défonce à devenir encore plus pute et... l'autre qui est vertueuse, plus... "romantique". Virginie "moijemappellelo-li-ta" Ledoyen fait très bien la l'effrontée sauvageonne depuis l'Eau Froide ; Roth fait très bien sa part de pruderie.
Le titre Héroïnes avec un S présuppose qu'il en existe plusieurs. En fait, l'allégorie de la course au succès comme étant les outrages causés par la drogue est un peu maladroite.

***Gribouiller sur une feuille un petit dessin pendant que vous êtes au téléphone, froisser la feuille et commencer à écrire cette foutue critique***

La dualité du romantisme chez le futur réalisateur de Taxi marque un...

***Re-gribouiller la feu-feuille***

Cela pourrait s'arrêter au sitcom, surtout quand le cocktail insère un arabe comique de service - caricature ethnique typique des années 1990-2000-2010 (en fait depuis toujours...). Oui, cela pourrait s'arrêter net si nous ne pouvions y déceler une satire du spectacle dans un monde sexiste et du produit culturel dans un monde capitaliste. Il suffit de regarder comment les choix et les décisions sont prises dans ce film. Il y a une deuxième lecture très intéressante, un double visage des éléments qui sort ce film de son écrin misérable.

On a dans ce film crétin toute l'aliénation de la condition artistique. Le choix des personnalités dans le tandem, entre celle qui aura le succès et la notoriété et l'autre qui pourra préserver son talent, est tout tracé. On dirait le choix de la vie artistique de Krawczyk : écraser bébé, repeindre le chat, prendre la pute pour la regarder pourrir.
Alors, pour la circonstance, sachant les orientations et les intentions artistiques bien claires et gentilles de son auteur, il faudra rester malheureusement lucide devant ce placoplatre et devant l'imposture revendiquée...
... Même si Serge Reggiani porte en lui cette volonté du crédit, du cachet et de la patine au personnage de Jeanne.

N'hésitez pas à faire des bruits de pets avec la bouche pendant les scènes touchives et bouleversifiantes. Même par dessus mes bêtises, je l'aime bien ce film parce qu'il me fait pas mal réfléchir et me fait rire. Ce n'est pas un navet. Loin de là. Parce que si c'était le cas, je ne le considérerais pas autant. Il y a en revanche quelque chose que j'observe dans la société, qui est très bien retranscrite dans ce film et que je n'aime profondément pas : c'est la voix d'Edouard Baer, prof de philo sur une antenne radio, qui nous l'apprend en qualifiant le romantisme cash de Johanna comme "un épiphénomène culturel".

Donc ce n'est pas une critique franche et sincère,
mais
Krawczyk fait-il un cinéma franc et sincère lorsqu'il fait, par exemple, couiner ses deux sirènes lors du dernier bal d'un village touché par un plan social ?

http://www.youtube.com/watch?v=vyiqVb6q8m0
Andy-Capet
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le 19 déc. 2012

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le 24 janv. 2014

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